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Le riz tropical est habituellement moissonné avec au moins 20 pour cent d'humidité une trentaine de jours après la moitié de la floraison, lorsque les grains donneront un résultat optimal pour le rendement total et le rendement en riz entier. La teneur en humidité au moment de la moisson est plus faible pendant la saison sèche que pendant la saison des pluies en raison de la dessiccation de la plante intacte par le soleil. La période effective de production de matière sèche ne dépasse guère 14 à 18 jours, après quoi le grain subit une dessiccation.
Pour la moisson, on coupe la tige, on sèche les grains au soleil puis on procède au battage, soit à la main en frappant les épis sur une plate-forme àfentes en bambou, soit en faisant piétiner le riz par des animaux ou des hommes, soit en utilisant des batteuses mécaniques. Les moissonneuses batteuses sont utilisées sur les grandes superficies, comme le domaine de Muda en Malaisie ou aux Etats-Unis, en Australie, en Europe et en Amérique latine.
Le séchage au soleil jusqu'à obtention d'une humidité de 14 pour cent est couramment pratiqué, mais il est peu fiable pendant la saison des pluies. De nombreux séchoirs mécaniques ont été conçus, mais ils n'ont pas connu beaucoup de succès auprès des cultivateurs et des industriels. Le paddy séché est vanné pour éliminer la balle soit avec un tarare manuel, soit avec un tarare en bois actionné à la main.
Utilisation de la main-d'œuvre
Les riziculteurs d'Asie qui cultivent les variétés modernes utilisent une main-d'œuvre plus abondante que ceux qui cultivent les variétés traditionnelles (Barker, Herdt et Rose, 1985). L'apport de la main-d'œuvre familiale et de la main-d'œuvre salariée est très variable selon les régions.
Les diverses étapes de la riziculture sont la sélection des semences, le semis en couches et la préparation du sol, le repiquage, le sarclage, la fertilisation, la lutte contre les ravageurs, la moisson, le battage, le séchage et la commercialisation. Huke et Huke (1990) estiment que les besoins en main-d'œuvre pour 1 ha de riziculture peu intensive en culture pluviale, utilisant des semences améliorées de IR36 et 50 kg d'urée comme engrais, sont d'environ 84 jours/animal 14 jours/animal avec un rendement de 2,5 tonnes de paddy. Le rendement de 2,5 tonnes avec moisson à la faucille et battage manuel contre une grume nécessitera au moins 22 jours/homme. Par contre, l'apport de main-d'œuvre pour la riziculture californienne de haute technologie est d'environ 40 jours/homme pour 350 ha (Herdt, 1986).
TABLEAU 6 - Coût de production d'une tonne de paddy, 1987-1989 (dollars des Etats-Unis)
Pays |
Riz irrigué |
Riz de montagne |
Riz de culture pluviale |
Argentine |
870 |
- |
- |
Colombie |
204 |
- |
194 |
Corée, Rép. de |
939 |
- |
- |
Equateur |
441 |
196 |
295 |
Etats-Unis |
481 |
- |
- |
Inde |
- |
- |
303 |
Indonésie |
82 |
141 |
104 |
Italie |
543 |
- |
- |
Japon |
3 676 |
- |
- |
Népal |
96 |
- |
108 |
Philippines |
124 |
- |
- |
Portugal |
376 |
- |
- |
Thaïlande |
98 |
- |
- |
Source: FAO. 1991.
Huke et Huke (1990) ont calculé que le rendement énergétique de la riziculture peu intensive en un lieu bien déterminé aux Philippines était de 12 calories pour chaque calorie dépensée. Avec un apport de moyen à élevé, le rapport était de 7 à 8 calories par calorie dépensée.
Alors que les femmes représentent de 25 à 70 pour cent de la maind'œuvre dans la riziculture asiatique, leur rôle n'a pas été bien reconnu jusqu'à présent et le développement technologique ne répond pas à leurs besoins (Feldstein et Poats, 1990). Elles participent à la production de riz et àla production connexe, à la commercialisation et aux activités de transformation. Il est désormais largement admis que les femmes sont souvent actives dans la production agricole et qu'elles représentent, tout comme les hommes, des usagers et bénéficiaires potentiels de la technologie nouvelle. L'analyse selon le sexe est maintenant intégrée dans les projets de recherche, la priorité étant accordée aux technologies qui réduisent le fardeau supporté par les femmes rurales sans déplacer leur capacité de production de revenus. Ces technologies portent notamment sur la lutte contre les ravageurs, la gestion des semences et l'utilisation et le traitement du riz après la récolte (Unnevehr et Stanford, 1985).
En 1987-1989 le coût total pour produire une tonne de paddy en culture irriguée, culture de montagne et culture pluviale est comparé au tableau 6. Le coût total à l'hectare et le rendement en grains étaient les plus élevés pour le riz irrigué et les plus bas pour le riz de montagne.
Variétés modernes à haut rendement
Dans les années 50, la croissance de la production de riz dans la plupart des pays d'Asie était due à l'extension des superficies plantées, mais dans les années 60 et 70 l'augmentation du rendement a joué un rôle plus important (Barker, Herdt et Rose, 1985). Les facteurs qui y ont contribué étaient l'introduction de variétés semi-naines et un apport d'engrais plus élevé.
Les variétés semi-naines mises au point à l'Institut international de recherches sur le riz (IRRI) sont d'un type végétal qui contraste avec celui des variétés traditionnelles à haute tige et à forte sensibilité photopériodique. Elles ont un feuillage à port érigé et beaucoup de talles, et sont peu sensibles au photopériodisme. Leur structure leur permet d'absorber les nutriments sans verser et elle laisse pénétrer la lumière solaire à travers le feuillage. La durée de la croissance est plus brève chez les variétés modernes, soit une centaine de jours à partir des semailles, ce qui permet d'obtenir trois récoltes par an. Avec peu de facteurs de production, leur rendement est comparable à celui des variétés traditionnelles. Dans tous les cas, cependant, les variétés modernes donnent de meilleurs résultats que les variétés traditionnelles, sous réserve d'un apport accru d'énergie, d'insecticides et d'engrais.
Dès 1981-1984, les variétés modernes occupaient 13 pour cent de la superficie totale des rizières en Thaïlande, 34 pour cent en République de Corée, 25 pour cent en Chine, 25 pour cent au Bangladesh, 36 pour cent au Népal, 54 pour cent en Malaisie, 46 pour cent au Pakistan, 49 pour cent au Myanmar, 54 pour cent en Inde, 82 pour cent en Indonésie, 85 pour cent aux Philippines et 87 pour cent à Sri Lanka (Dalrymple, 1986). Le faible taux d'adoption en Thaïlande est dû au fait que ce pays a besoin de variétés à grains longs (longueur du grain de riz cargo supérieure à 7 mm) pour l'exportation. A l'heure actuelle, plus de 60 pour cent des rizières dans le monde sont plantés en variétés de type amélioré.
Les nouvelles variétés modernes n'ont pas un potentiel de rendement meilleur que celui de la première variété moderne - le riz IR8 -, mais elles résistent mieux aux insectes nuisibles et aux maladies, et tolèrent davantage les contraintes écologiques. Toutefois, leurs résistances accrues sont des caractéristiques à gène unique que les ravageurs parviennent à vaincre en quelques années. On a pu vérifier que, dans certains cas de retour en force d'insectes, l'épandage d'insecticide avait eu pour effet d'accroître la population d'insectes au lieu de la réduire (Chelliah et Heinrichs, 1984). D'autres approches de résistance horizontale ou à lignées multiples sont jugées nécessaires car on assiste à une rapide diminution de la résistance à la delphacide brune par suite de l'apparition de nouveaux biotypes d'insectes. Chez le riz cultivé O. sativa, on n'a identifié aucune source de résistance à la maladie due au virus tungro. Par contre, des sources de résistance ont été identifiées chez des espèces sauvages et elles sont introduites chez O. sativa au moyen de larges croisements.
La superficie moyenne de l'exploitation rizicole est inférieure à 1 ha au Bangladesh, au Japon, en République de Corée et à Sri Lanka; elle dépasse 1 ha en Indonésie et au Népal; et d'environ 2 ha en Malaisie, au Pakistan et aux Philippines et elle est d'environ 3 ha en Thaïlande (IRRI, 1991a). Les modes de faire-valoir les plus répandus sont le métayage et le bail fixe (Barker, Herdt et Rose, 1985). Le métayage est largement pratiqué au Bangladesh, en Inde, au Pakistan et en Indonésie. Des systèmes à bail fixe existent dans tous les pays de la région, mais ils sont moins courants que le métayage. A l'occasion de la réforme agraire en Chine, en République populaire démocratique de Corée, au Viet Nam et au Myanmar, les terres ont été expropriées par le gouvernement et intégrées dans le domaine public. Au Japon et dans la province chinoise de Taiwan, les anciens locataires ont été assimilés à des propriétaires. Aux Philippines, la réforme agraire de 1972 en faveur des locataires à bail fixe a été rapidement mise en œuvre, mais le transfert de la propriété des terres ne s'est effectué que lentement.
Environ 4 pour cent de la production mondiale de riz entre dans le commerce international. En 1988, les principaux exportateurs étaient la Thaïlande, les Etats-Unis et le Pakistan, tandis que les principaux importateurs étaient l'Iraq, l'URSS, Hong-Kong, l'Arabie saoudite, la Malaisie, Singapour, Sri Lanka, le Nigéria, le Bangladesh et le Brésil (FAO, 1990a, tableau 2). Le Viet Nam est devenu troisième exportateur de riz dans le monde en 1989 avec 1,38 million de tonnes de riz usiné (IRRI, 1991a).
Les ravageurs et les maladies posent de graves problèmes dans les régions tropicales, en particulier avec la monoculture du riz, puisque les hôtes sont continuellement présents dans l'environnement. Les rongeurs, les oiseaux et les mollusques réduisent tous les rendements du riz. Les principaux insectes nuisibles sont la chenille mineuse de la tige et la cicadelle verte du riz, qui est le vecteur du virus tungro, ainsi que la delphacide brune qui provoque le brunissement. On a cherché à combattre les insectes en sélectionnant des variétés accusant une meilleure résistance aux ravageurs. La lutte intégrée connaît un regain de faveur en raison du problème du retour en force des insectes par suite de l'emploi excessif d'insecticides.
Les principales maladies des plants de riz en Asie tropicale sont encore le champignon de la pyriculariose et la flétrissure bactérienne des feuilles.
La lutte contre le champignon de la pyriculariose est difficile parce qu'il en existe plusieurs races. Cette brunissure du riz pose un problème particulier avec le riz de montagne. La principale maladie virale est le tungro, transmis par la cicadelle verte du riz. Les problèmes majeurs en Amérique latine sont le charançon du riz et la virose «hoja blanca», et en Afrique le virus de la bigarrure jaune et l'acalyptère.
L'incorporation d'une résistance dans les variétés de riz est compliquée par la présence de nombreuses races de certaines maladies, par exemple la pyriculariose, et par l'existence de plusieurs biotypes chez les ravageurs, comme c'est le cas pour la delphacide brune du riz.
Les fortes augmentations de la production dans les années 60 et 70 ont été enregistrées dans les régions irriguées et dans les zones de bas-fonds propices à la riziculture pluviale, où les variétés semi-naines à courte période de croissance pouvaient exprimer leur fort potentiel de rendement. Dans bien des pays, le rendement moyen du riz irrigué n'est encore que d'environ 3 à 5 tonnes à l'hectare, mais certains agriculteurs peuvent obtenir le double. Les terres irriguées représentent actuellement à peu près la moitié de la surface totale cultivée, mais elles fournissent plus des deux tiers de la production totale et l'on s'attend qu'elles continuent de dominer le secteur (tableau 5). Les environnements moins favorables (bas-fonds peu favorables de culture pluviale, montagne, culture en eau profonde et zone humide d'estran) produisent de 20 à25 pour cent du riz mondial. Ces écosystèmes rizicoles doivent assurer la subsistance de cultivateurs et de consommateurs qui, jusqu'à présent, n'ont guère profité des perfectionnements modernes de la technologie du riz.
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