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EVALUATION DE QUELQUES RESULTATS (PRELIMINAIRES) DES ACTIVITES DU DEVELOPPEMENT PARTICIPATIF DE TECHNOLOGIES DE PROTECTION DU MAÏS APRES-RECOLTE EN ZONE RURALE AU BÉNIN

M. CAMARA1 & A. BELL2

1 Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA), Bénin
2 Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH,
Coopération Allemande au Développement, Eschborn, Allemagne

Introduction

Avec l’avènement du Grand Capucin du Maïs, Prostephanus truncatus (Horn) (Coleoptera: Bostrichidae en Afrique de l’Est et de l’Ouest, les dégâts et pertes enregistrés aux stocks de maïs après l’attaque de ce dernier et d’autres ravageurs associés atteignirent des dimensions considérables, en particulier au niveau des petits paysans. Suite à ce constat, de grands efforts furent et continuent d’être entrepris en vue de la réduction des pertes causées par ces ravageurs, pertes pouvant aller à plus de 30-40% au bout de six (6) mois de stockage de maïs. Parmi toutes les stratégies de lutte envisagées, une d’entre elles mérite cependant une attention particulière, à savoir celle de la lutte biologique par le lâcher de l’histéride Teretriosoma nigrescens Lewis (Coleoptera: Histeridae), un ennemi naturel du Grand Capucin du Maïs.
Toujours dans la même perspective, la GTZ (Coopération Allemande au Développement) et des partenaires, à savoir l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA) station-Bénin et la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l’Université Nationale du Bénin, ont initié depuis le début de l’année 1995 un programme de Développement Participatif de Technologies (PTD) dans le domaine post-récolte portant sur la lutte intégrée contre le Grand Capucin du Maïs, P. truncatus et autres ravageurs associés des greniers ruraux au Bénin. Pour ce faire, une équipe composée de chercheurs et d’agents sur le terrain contribua avec la participation active des groupes cibles, à savoir les paysans producteurs de maïs, à identifier les problèmes et à élaborer des mesures et technologies adaptées applicables pour une bonne protection du maïs après récoltes. Les différentes étapes de la démarche du programme ont fait l’objet de divers rapports pouvant être acquis auprès du projet "Lutte intégrée contre le Grand Capucin du maïs et insectes associés dans les greniers ruraux". Depuis le début du projet (1995), l’équipe PTD évolue dans deux régions du Bénin: la région du Mono, au sud-ouest et la région du Borgou au Nord.
Ce papier présente une évaluation sommaire de quelques résultats des activités PTD au niveau de trois (3) groupes de paysans dans la région du Mono. Le premier groupe est constitué par des paysans pratiquant avec l’équipe PTD sur le terrain des méthodes et mesures élaborées et adoptées en concert, d’où leur désignation "Paysans PTD-Expérimentateurs". Le second groupe de paysans est également assisté par la même équipe de terrain dans la conduite des mesures Post-récolte, mais ce groupe ne pratique pas d’expérimentations avec la dite équipe, raison pour la dénomination de "Paysans PTD-Non-Expérimentateurs". Enfin le dernier groupe représente des paysans n’ayant aucun suivi direct avec l’équipe PTD, mais opérant seulement dans des zones couvertes par les émissions radio diffusant les pratiques adoptées par les deux premiers groupes de paysans cités ci-dessus. Il faut noter, que l’équipe PTD sur le terrain utilise, outre les conversations directes avec les paysans et les démonstrations en milieu paysan, des émissions radio pour communiquer et informer les groupes cibles sur les mesures de bonne protection et de gestion des stocks de maïs.
Au total, dix-huit (18) paysans furent consultés pour cette enquête d’évaluation, dont dix Paysans-PTD (Expérimentateurs et Non-Expérimentateurs) et huit Paysans Non-PTD. Pour réduire les dégâts et pertes causés par les ravageurs au maïs au cours du stockage, un paquet de mesures de base se sont avérées utiles et nécessaires. Ces mesures commencent tout d’abord par le choix de la variété de semence de maïs pouvant garantir, entre autres, à la maturité des épis bien étanches. La récolte elle-même devant être effectuée en temps opportun, c’est à dire après la maturité physiologique du maïs et pas trop tardivement, afin d’éviter les attaques du maïs par des ravageurs depuis le champ. Les épis ainsi obtenus doivent être soigneusement triés, afin de séparer les épis sains qui seront destinés au stockage de ceux déjà attaqués ou très peu étanches. A ces mesures s’ajoutent l’hygiène et une structure appropriée des greniers. Enfin vient, s’il est nécessaire, le traitement du maïs avec des produits locaux ou des produits synthétiques appropriés, ainsi que l’inspection régulière (au moins une fois par mois) des stocks.
La présente évaluation porte sur l’ampleur des dégâts, les gains en maïs, la nature et les coûts de traitement du maïs après-récolte à travers les trois groupes de paysans identifiés plus haut, par une comparaison de la période avant le début des travaux PTD et la situation actuelle (1996/97).

Résultats et Discussions

Dégâts

Les dégâts sont estimés par les paysans eux-mêmes sur toute la durée du stockage (8-12 mois) et calculés sur une tonne de maïs.

Fig. 1 Comparaison des estimations par les différents groupes de paysans des dégâts (%) causés aux stocks de maïs au cours de la saison avant les activités PTD et la saison 1996/97 dans la région du Mono (PTD-E = Paysans PTD Expérimentateurs, PTD Non-E = Paysans PTD Non-Expérimentateurs et Non-PTD = Paysans Non-PTD). FIG 2_3A (11 KB)

Comme le démontre la figure 1, bien que la tendance générale présente une baisse du niveau des dégâts à travers tous les trois groupes, au début des activités PTD, il y a environ 3 ans, les dégâts étaient en moyenne au dessus de 30% à travers tous les groupes de paysans confondus. Actuellement chez les paysans PTD les dégâts se situent bien en dessous de 10%, tandis que qu’ils atteignent encore environ 30% chez les paysans Non-PTD. Ce niveau actuel des dégâts chez les paysans Non-PTD correspond par exemple parfaitement à celui des paysans PTD-Expérimentateurs avant les activités du projet.

Gains en maïs
Les gains ainsi déduits de ces données sur les dégâts laissent constater, comme le montre la figure 2, que les Paysans-PTD arrivent à gagner entre 300 à 600 kg sur 1000 kg de maïs, tandis que ce gain chez les Paysans Non-PTD ne fait qu’à peu près 100 kg sur la tonne. Cette différence est due surtout à l’application de certaines mesures de base pour une bonne protection du maïs, à savoir: la récolte en temps opportun, le triage des épis, l’hygiène des greniers, le traitement approprié des stocks de maïs.

Fig. 2 Comparaison des gains en maïs des différents groupes de paysans au cours de la saison avant les activités PTD et la saison 1996/97 dans la région du Mono (PTD-E = Paysans PTD Expérimentateurs, PTD Non-E = Paysans PTD Non-Expérimentateurs et Non-PTD = Paysans Non-PTD). FIG 2_3B (9 KB)

Traitement des stocks de maïs
Parmi toutes les mesures de protection ci-dessus adoptées par les Paysans-PTD, le traitement des stocks de maïs présente non seulement un problème délicat de part sa nature, mais c’est également une mesure qui est très souvent accompagnée de dépenses pouvant compromettre le gain monétaire.

Nature du traitement
Le tableau 1 montre la nature du traitement des stocks de maïs par les différents groupes de paysans. Avant les débuts des activités PTD, les paysans de tous les groupes utilisaient presque tous des insecticides destinés au traitement du coton lors du stockage du maïs. Ces insecticides, communément appelés "insecticides coton", sont utilisés à différentes doses et parfois avec d’autres produits locaux, telles que les feuilles de neem (Azadirachta indica Juss (Meliaceae)) ou de la cendre de bois.

Tab. 1

Comparaison de la nature de traitement des stocks de maïs (en %) des paysans au cours de la saison 1996/97 et avant le début des activités PTD dans la région du Mono (PTD-E = Paysans PTD Expérimentateurs, PTD Non-E = Paysans PTD Non-Expérimentateurs et Non-PTD = Paysans Non-PTD; AC+C = Actellic CE+ Decis, IC = Insecticide coton, C = Cendre, IC+C = Insecticide coton plus cendre, Neem = Feuilles de Neem, Sel = Sel cuisine, Néant = sans traitement).

PTD-E

PTD Non-E

Non-PTD

Traitement

Actuel

avant

actuel

avant

actuel

avant


Ac+D

80

-

40

-

-

-

IC

-

100

-

40

100

87

C

-

-

-

-

-

-

IC+C

-

-

20

-

-

-

Neem

20

-

20

60

-

-

Sel

-

-

20

-

-

-

Néant

-

-

-

-

-

13


Deux (2) ans après, près de 80% des Paysans PTD-Expérimentateurs utilisaient déjà les insecticides chimiques recommandés pour le traitement des épis de maïs en spathe, à savoir "Pyrimiphos-méthyle" et "Deltaméthrine" en CE. Dans ce groupe de paysans, l’emploi des ‘insecticides coton" est allé actuellement jusqu’à 0%. Quant aux Paysans PTD-Non-Expérimentateurs, seul un paysan sur cinq utilise encore les ‘insecticides coton". Le reste de ces paysans utilisent actuellement, soit "Pyrimiphos-méthyle" et "Deltaméthrine" en CE ou tout simplement des produits locaux, telle la solution de sel de cuisine ou des feuilles de neem. Quant aux Paysans Non-PTD, ils utilisent actuellement encore tous les "insecticides coton".

Coûts de traitement des stocks de maïs
La figure 3 donne une impression sur les coûts de traitement issus surtout de l’emploi des insecticides chimiques dans les différents groupes de paysans. Ces coûts sont calculés sur une tonne de maïs. Actuellement les Paysans Non-PTD dépensent avec l’utilisation des "insecticides coton" à peu près deux fois plus (environ 4400 F CFA pour le traitement d’une tonne de maïs) que les Paysans PTD-Expérimentateurs (environ 2400 F CFA) qui emploient des produits appropriés et recommandés. Le niveau faible des coûts de traitement chez les Paysans PTD-Non-Expérimentateurs s’explique surtout par l’utilisation des produits locaux tels que les feuilles de neem.

Fig. 3 Comparaison des coûts de traitement des stocks des différents groupes de paysans au cours de la saison avant les activités PTD et la saison 1996/97 dans la région du Mono (PTD-E = Paysans PTD Expérimentateurs, PTD Non-E = Paysans PTD Non-Expérimentateurs et Non-PTD = Paysans Non-PTD). FIG 2_3C  (12 KB)

Conclusions

Bien que ces données ne présentent qu’une impression assez vague, de part le nombre faible des paysans déjà consultés, elles montrent cependant une tendance nette de l’amélioration de la situation des Paysans-PTD dans la conservation du maïs, depuis le début des activités du projet.
En considérant qu’en dehors de ces différences présentées ici, les Paysans Non-PTD sont souvent contraints d’acheter du maïs avant les nouvelles récoltes, et cela à cause des dégâts et pertes causés par les ravageurs et encore à des prix élevés (période de soudure!), cela ne peut que creuser d’avantage l’écart qui existe entre eux et les Paysans PTD.
On peut également conclure, que le traitement avec les ‘insecticides coton" ne s’est pas montré seulement plus coûteux, mais s’est avéré aussi peu efficace comparativement au traitement avec les produits de conservation appropriés. Ainsi, la réduction de l’emploi des ‘insecticides coton" apporte non seulement des avantages économiques, mais contribue également à l’obtention de produits de qualité, car ces ‘insecticides coton" ne sont pas conçus pour le traitement des produits consommables tels que le maïs.

 

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