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4.1.1 Le sorgho
42. La mécanisation de la mouture du sorgho est d'autant plus souhaitable que les méthodes traditionnelles sont soumises à certaines contraintes: elles prennent du temps, elles sont laborieuses, elles engendrent des pertes, et les produits finis obtenus ont une durée de conservation limitée. Par ailleurs, la mécanisation permet d'obtenir des farines de qualité plus ou moins constante, ce qui n'est pas le cas des farines traditionnelles.
43. Des tentatives ont été faites dans le passé en vue d'alléger le travail fastidieux lié aux méthodes traditionnelles de transformation. Beaucoup de centres commerciaux ont été équipés de moulins à marteaux actionnés par des moteurs à essence ou diesel en vue de moudre des céréales. Dans certaines régions rurales, par exemple au Botswana et au Nigeria, les petits moulins ont été complétés par des décortiqueurs. Les petits moulins travaillent généralement à la tâche, le décorticage et la mouture des grains propres étant réalisés individuellement pour chaque client, contre une rétribution. Les femmes parcourent parfois de très longues distances pour faire moudre leur grain, et les longues files d'attente devant les moulins attestent de l'immense popularité des petits moulins mécaniques. Dans certains cas, les propriétaires de moulins achètent du grain pour le moudre et vendre la farine sur les marchés.
44. En vue d'améliorer encore les pratiques de mouture au niveau villageois, il serait souhaitable d'installer un système de transformation intégré. Pour amener les technologies meunières à ce niveau, il faut prévoir l'adjonction de divers équi pements. Bien des efforts ont été faits durant les 10 à 15 dernières années en vue de développer les technologies de transformation mécanique du sorgho. Des matériels de minoterie, de maïserie et de rizerie ont été testés. Parmi ceux-ci, les cônes de rizerie s'apparentent le mieux au type de matériel nécessaire au décorticage du grain de sorgho. Un système intégré devrait comprendre le matériel suivant:
a. Un nettoyeur à grains pour éliminer les pierres, la poussière, les glumelles, etc. Dans les petites installations, ce nettoyage peut être réalisé à l'aide de tamis d'ouvertures de maille convenables. On peut utiliser deux tamis dont l'un retiendra les impuretés plus grosses que le sorgho pour ne laisser passer que le sorgho et les impuretés les plus petites. Le deuxième tamis aura une ouverture de maille susceptible de retenir le sorgho et de laisser passer la poussière, le sable et toutes les petites impuretés. Dans les petits ateliers de mouture, les tamis peuvent être actionnés manuellement. Dans les installations de plus grande capacité, on utilisera des tarares mécaniques semblables à ceux des industries céréalières.
b. Le décorticage a pour objet de séparer l'albumen des enveloppes fibreuses et parfois colorées du grain, qui forment le son. Plusieurs types de décortiqueurs ont été mis au point à cet effet (voir paragraphe 4.3 ci-après).
c. La mouture est l'opération suivante, au cours de laquelle le grain décortiqué est réduit en farine, généralement à l'aide d'un moulin à marteaux. La partie fonctionnelle d'un tel moulin est constituée d'un jeu de marteaux mobiles disposés sur un axe tournant à grande vitesse, 1500-5600 tours par minute. La chambre de mouture peut être équipée d'un tamis en tôle perforée pour faciliter la production d'une farine ayant une granulométrie uniforme. Ces tamis sont fournis avec différentes ouvertures de maille. Le moulin et le décortiqueur peuvent être actionnés simultanément ou alternativement à l'aide d'un seul moteur.
d. Le conditionnement concerne essentiellement les produits finis commercialisés. Les farines produites à façon et emportées par le client peuvent être conservées dans différents emballages, comme des boites en fer blanc, sacs plastiques, etc.
4.1.2 Le maïs
45. On trouve dans les villages des moyens adéquats pour transformer le maïs, et le paddy qui constituent des céréales largement cultivées et consommées en Afrique. Dans presque tous les villages, les décortiqueurs et les moulins à marteaux occupent une place bien en vue (voir par exemple les moulins à marteaux Arusha, paragraphe 4.3.3). La Fig. 8 représente un décortiqueur typique à mais et à paddy. En général, l'industrie meunière occupe la première place parmi les industries alimentaires de Tanzanie, particulièrement en ce qui concerne le mais, le riz et le blé. Les petits moulins travaillant à façon satisfont les besoins primaires de subsistance des producteurs et des consommateurs ruraux.
Schéma d'un décortiqueur à maïs et à riz
46. Jusqu'à une date récente, les petits moulins et décortiqueurs étaient importés, mais dans bien des cas les seuls éléments qui sont encore d'origine étrangère sont les moteurs thermiques ou électriques. Les moulins à marteaux décrits précédemment pour le sorgho (alinéa 44) sont polyvalents et offrent aux villageois un moyen plus facile de transformer le mais nécessaire à leurs besoins journaliers.
47. La gamme et les capacités des petits moulins villageois varient dans des proportions considérables. Très appréciés dans les villages, ils sont utilisés de manière intensive, parfois jusqu'à 13 heures par jour. Le prix demandé pour la mouture aux clients dépend de l'énergie utilisée; il est plus élevé pour les moteurs à essence que pour les moteurs diesel ou électriques.
48. En Tanzanie, la transformation artisanale du manioc demeure une affaire familiale. Les traitements, les manipulations et les procédés de transformation varient d'une région à l'autre en fonction de la destination finale des produits fabriqués. On distingue ainsi trois grandes voies de transformation du manioc dans les villages tanzaniens:
a. Le séchage solaire
49. Les racines de manioc fraîchement récoltées sont pelées. coupées en morceaux et séchées au soleil. Lorsqu'elles sont bien sèches, elles sont réduites en farine pour être utilisées à la préparation d'une sorte de porridge appelé "ugali" en Tanzanie (voir alinéa 173), ou à la fabrication de bière locale.
b. Fermentation
50. En Tanzanie, les racines fraîches de manioc sont pelées, coupées en morceaux puis mises en tas recouverts de feuilles fraîches, à l'ombre, pour plusieurs jours. Des moisishures se développent en plus ou moins grande quantité en fonction du temps de séjour à l'ombre, la durée variant selon le degré de fermentation souhaité par les consommateurs. Les morceaux de manioc fermenté sont nettoyés puis séchés au soleil, ou inversement sont d'abord séchés au soleil puis nettoyés. Ils sont ensuite réduits en farine par mouture sèche.
c. Rouissage
51. Les racines fraîches sont pelées, coupées en morceaux, puis mises à tremper dans de l'eau pendant plusieurs jours. Là encore, la durée de trempage varie d'un endroit à l'autre et dépend du goût des consommateurs. Après rouissage, le manioc est séché au soleil avant d'être moulu.
52. Les méthodes (b) et (c) sont les plus largement utilisées pour préparer des aliments. La méthode (a) est surtout utilisée en vue d'une commercialisation ulté rieure ou à des fins autres que l'alimentation familiale. Le manioc fermenté est généralement commercialisé sous forme de morceaux entiers non moulus. Le goût, l'aspect et la texture des farines issues des trois méthodes qui précèdent varient de manière significative. Ainsi la méthode (a) donne des farines blanchâtres, mais un "ugali" extrêmement visqueux, de couleur terne et d'un goût douceâtre. Le méthode (b) fournit des farines d'une couleur pâle, qui ne change pas lors de la fabrication de l'ugali dont le goût ressemble à celui de l'ugali de maïs, mais dont la consistance est notablement moins collante qu'en (a). Avec la méthode (c), la farine produite est aussi blanche que de la farine de maïs dépelliculé. Cette couleur s'altère légèrement au cours de la préparation d'ugali dont la viscosité est cependant beaucoup moins forte.
53. Au niveau du village, la plupart des opérations de transformation sont effectuées manuellement, mais la mouture est désormais réalisée à l'aide de moulins à marteaux dans les régions où l'on en trouve.
54. En Afrique de l'Ouest, où le manioc constitue une alimentation de base, la transformation artisanale a été grandement améliorée. La mécanisation de certaines opérations, notamment du râpage, a beaucoup contribué à promouvoir l'expansion d'une industrie de transformation du manioc. Dans bien des endroits, des râpes mécaniques ont remplacé le laborieux râpage manuel, contribuant ainsi à accroître les capacités de traitement.
55. Un aspect intéressant de ces développements est que les râpes sont généralement construites sur place, seuls les moteurs étant importés. Certaines râpes peuvent être entraînées par le même moteur qu'un moulin à maïs, ou qu'un pétrin à pâte. La capacité de production des râpes à manioc varie entre 400 et 1000 kg de racines à l'heure. Des râpes mobiles, montées sur roues, existent au Nigeria. Elles vont de village en village proposer leurs services, contre rétribution, aux personnes qui transforment le manioc.
56. Différents inventeurs et fabricants de matériel de meunerie ont entrepris la fabrication et la commercialisation, en Afrique, de matériel spécifique de mouture de mil et de sorgho, notamment de moulins à marteaux et de décortiqueurs. Leur capacité, qui dépend des taux d'extraction, varie de 300 à 600 kg/h. Ils sont actionnés par des moteurs thermiques ou électriques allant de 8 à 35 CV (6 à 26 kW). Les principales caractéristiques de ces différents décortiqueurs et moulins à marteaux sont décrites ci-après:
4.3.1 Le décortiqueur du Botswana
57. Ce décortiqueur est une modification du décortiqueur canadien PRL, réalisée par le "Rural Industries Innovation Centre (RIIC)" au Botswana. Le décortiqueur PRL (Prairie Regional Laboratory) a été modifié de telle sorte qu'il puisse être utilisé soit pour décortiquer en discontinu des petits lots de grains séparés, soit des lots plus importants en continu. Le décortiqueur est constitué d'une série de meules à disque en carborundum montées à de courtes distances les unes des autres sur un axe horizontal. Le rotor ainsi formé est monté dans un carter métallique, un certain jeu étant ménagé entre les disques, les parois latérales et le fond du carter. Une entrée d'air, protégée par une crépine, est ménagée le long et autour du fond du rotor. Une autre entrée d'air est également ménagée le long d'un des côtés, au sommet, tandis qu'une sortie d'air permet son évacuation sur le côté opposé. En connectant cette sortie d'air à un système d'aspiration, les fines particules de son formées par abrasion sont automatiquement éliminées. Le système peut être employé sans entrée ou sortie d'air; dans ce cas, les fines particules de son restent dans l'appareil avec les grains décortiqués et doivent être éliminées par un autre moyen, par tamisage ou vannage. Le grain est introduit en quantité constante à une extrémité du décortiqueur, et ressort à l'autre extrémité par un trop plein réglable. Le niveau du grain dans le décortiqueur est ajusté de telle sorte que 50 à 100 p. 100 du rotor soit recouvert durant son fonctionnement.
58. La version modifiée de ce décortiqueur PRL est capable de travailler également en discontinu, de telle sorte qu'il peut être utilisé pour décortiquer des petits lots individuels de grain aussi bien qu'en continu. La version modifiée (Fig. 9) est donc plus souple d'emploi que la version originale puisqu'elle permet un travail par lots distincts, un travail en continu, ou une combinaison des deux possibilités. Le décortiqueur original PRL et sa version modifiée PRL/RIIC diffèrent sur les points suivants:
Schéma d'un décortiqueur PRL/RIIC
- Tout en ayant la même capacité de traitement, le décortiqueur PRL/RIIC a des dimensions plus réduites. Le décortiqueur PRL exige au minimum 20 kg de grain, tandis que le décortiqueur PRL/RIIC est opérationnel avec seulement 10 kg de grain .
- Le diamètre des meules PRL est de 27 cm, tandis que le diamètre des meules du décortiqueur modifié PRL/RIIC n'est que de 22 cm. La longueur des deux carters est la même, mais le carter du décortiqueur PRL/RIIC est légèrement plus étroit.
- Le rotor du décortiqueur modifié tourne à une vitesse supérieure à celle du décortiqueur original PRL, si bien que les capacités de traitement sont voisines pour un travail en continu.
- L'originalité du décortiqueur PRL/RIIC réside dans son système de vidange. Il reste toujours une certaine quantité de grain au fond du décortiqueur PRL, ce qui rend le travail par petits lots individuels impossible. Le fond du décortiqueur PRL/RIIC a été muni d'une trappe renforcée, à charnières, et d'une goulotte, si bien que même sans arrêter la machine, un levier permet d'ouvrir la trappe et de vidanger le grain dans un récipient par la goulotte. De la sorte, même des lots individuels aussi petits que 10 kg de grains peuvent être décortiqués sans devoir arrêter le décortiqueur.
4.3.2 Moulins à marteaux Ndume, Kenya
59. Les moulins à marteaux Ndume furent développés à l'origine en vue de moudre du mais en une farine grossière passant aux tamis de 0,8 mm à 1,6 mm. Ils peuvent être utilisés également pour moudre du sorgho ou d'autres céréales. Les moulins sont fabriqués par une société dont c'est la seule spécialité. Beaucoup d'autres ateliers sont cependant capables de construire des moulins à marteaux. Le bâti des moulins doit être fait en acier solidement soudé. Les petits moulins sont équipés de tamis de décharge situés à la partie inférieure du corps du moulin, tandis que les unités plus grosses utilisent des tamis situé au dessus du corps. Les marteaux, au nombre de 16 à 27, sont faits en acier trempé et sont montés sur un arbre en acier au nickel de 12,7 mm de diamètre. Les moulins sont équipés de trémies d'alimentation, de ventilateurs et de séparateurs à cyclones. Ils peuvent être actionnés par des moteurs électriques ou diesel d'une puissance allant de 2 à 20 CV selon les modèles. Leur vitesse de rotation se situe à 3500-4000 t/mn. Avec un tamis de 1,6 mm d'ouverture, les capacités de traitement varient de 70 à 200 kg/h pour les petits moulins et atteignent 400 à 2500 kg/h pour les plus grosses unités.
Schéma d'un broyeur à marteaux Ndume, Kenya.
Les moulins à marteaux sont utilisés par les petits ateliers artisanaux pour moudre des céréales et des légumineuses sèches. Ils sont très populaires dans les milieux ruraux où ils ont soulagé les femmes du travail traditionnel du pilonnage. Les prix pratiqués par les moulins villageois pour moudre le grain varient fréquemment. En 1983, on pouvait moudre 50-60 kg de grains pour l'équivalent de 1 US $ (400 FCFA).
4.3.3 Moulins à marteaux Arusha, Tanzanie
60. Plusieurs types de moulins à marteaux sont construits et commercialisés sous divers noms en Tanzanie. Parmi les plus connus figurent les moulins MGM (Fig. 11). Ils sont fabriqués par M/S Manik Engineers à Arusha. Parmi les autres constructeurs, on peut citer la Manghula Mechanical Company dans la région de Morogoro; D. & M. Inventors à Mwanza; Mike Motors à Moshi et Mwanza Engineering Works. On trouve quatre modèles de moulins MGM, qui sont généralement actionnés par des moteurs diesel. Le modèle MGM 2, d'une capacité de180-200 kg/h, utilise un moteur de 6-9 kW (8-12 CV); le modèle MGM 5 permet de moudre 450 à 500 kg/h à l'aide d'un moteur de 11 à 15 kW ( 15-20 CV), tandis que le modèle MGM 7 atteind une capacité de 700 kg/h avec un moteur de 17 à 26 kW (22,5 à 35 CV). Le plus gros moulin fabriqué actuellement est le MGM 10 d'une capacité de 900-1000 kg/h et qui nécessite une puissance de 22 à 34 kW (30-45 CV).
Schéma d'un broyeur à marteaux MGM
61 . La plupart des moulins fabriqués en Tanzanie tournent à grande vitesse. Les arbres tenant les marteaux fixes ou les marteaux à percussion sont horizontaux; les modèles MGM ont des marteaux dont l'extrémité est en forme de T (Fig. 11 ). Le rotor tourne dans un carter dont le fond grillagé sert également de tamis. L'aspiration est pourvue d'un aspirateur situé à la base de la gaine de cyclone. Le ventilateur est actionné par l'intermédiaire d'une poulie placée sur le rotor lui-même. Les moulins ne sont pas équipés en variateurs de vitesse. On peut à la rigueur changer le moteur ou le diamètre des poulies, mais cela n'est guère possible après l'achat du moulin; par contre, on peut changer la granulométrie des farines en changeant les tamis.
4.3 .4 Autres décortiqueurs utilisés en Afrique
62. Les décortiqueurs CCC fabriqués au Japon sont des cônes à blanchir le riz qui peuvent être utilisés en milieux ruraux. La surface abrasive est constituée d'un cône tronqué en carborundum qui peut être monté sur un axe vertical ou horizontal. Les capacités de traitement des trois modèles disponibles s'étagent de 420 à 840 kg/h de grain pour des puissances installées allant de 5 à 10 CV. Des essais de décorticage de sorgho ont été réalisés à l'aide de décortiqueurs CCC dans différents pays, dont la Tanzanie et le Kenya, avec des résultats satisfaisants.
63. Le décortiqueur DECOMATIC, fabriqué en Suisse par Bernhard Keller SA., est constitué de cinq disques abrasifs en carborundum montés sur un arbre vertical, qui tournent à l'intérieur d'une gaine en tôle perforée. Les ouvertures oblongues de 1 mm de largeur de la gaine perforée permettent l'élimination du son. La vitesse périphérique du rotor est de 25 m/sec., mais cette vitesse peut être modifiée en remplaçant les poulies d'entraînement. Le décortiqueur, d'une capacité de 300-400 kg/h, travaille en continu, le degré de décorticage étant réglable à volonté. Cette machine, entraînée par un moteur électrique de 20 CV, a été utilisée avec succès dans l'unité pilote de mouture du sorgho installée au Centre de
64. Le décortiqueur vertical type 270 construit par Schule S.a.r.l. à Hambourg en République Fédérale d'Allemagne, comprend sept disques en émery monté sur un arbre rotatif vertical. Equipé d'un moteur électrique de 25 CV, il peut décortiquer de 200 à 1800 kg/h de sorgho.
65. Le déscortiqueur horizontal Bühler, type DMRH, équipé de 6 disques abrasifs de finesse variable, tournant à l'intérieur d'une chemise en tôle perforée fa sant office de tamis' a une capacité de 500-700 kg/h de mil. Une unité de cette capacité a déjà été installée au Nigeria. La Société Bühler fabrique également un décortiqueur vertical, type DSRD, d'une capacité pouvant atteindre 900 kg/h de sorgho.
66. Le décortiqueur UMS type DVA est construit au Danemark par United Milling System. Le décorticage est réalisé par une double lame hélicoïdale placée sur un arbre rotatif vertical situé à l'intérieur d'un cylindre en tôle perforée. Placés sous compression et animés d'un mouvement rotatif ascendant, les grains sont également décortiqués par frottement les uns sur les autres. Les sons sont éliminés au travers de la tôle perforée par un courant d'air comprimé issu de perforations disposées le long de l'arbre rotatif vertical. Mû par un moteur électrique de 30 CV, le décortiqueur UMS peut traiter 2000 kg/h de grain.
67. Le décortiqueur à mil EURAFRIC FAO fabriqué en France est constitué d'un carter horizontal tronconique revêtu intérieurement d'une couche abrasive en carborundum et dans lequel tourne un rotor conique équipé de trois battes en caoutchouc. Le degré de décorticage peut être contrôlé en faisant varier le jeu situé entre la surface abrasive et les battes du rotor. Le mélange grains décortiqués-son est projeté dans un bluteur cylindrique équipé de brosses, où les gros sons sont aspirés tandis que les petits sons sont éliminés au travers du tamis. Le décortiqueur-bluteur peut être actionné par un moteur électrique de 7,5 CV ou par un moteur thermique de 10-11 CV. La vitesse nominale de rotation du rotor de 1050 t/mn doit être réduite à 800 t/mn pour décortiquer l'éleusine, plus friable que le mil pénicillaire.
68. Le décortiqueur ABI (prévu à l'origine pour décortiquer du riz) est d'une conception plus simple et d'une construction plus robuste que le décortiqueur précédent (alinéa 67). Il est équipé d'un rotor de 137 mm de diamètre tournant à 650 t/mn ainsi que d'un tamis métallique. Pour le mil et le sorgho, le rendement horaire de l'appareil varie en fonction de la quantité traitée par lot: il est d'environ 50 kg/h pour des lots de 23 kg' de 80 kg/h pour des lots de 5 kg, et de I 10 kg/h pour des lots de 10 kg. La capacité de traitement de mil et de sorgho est de 60 p. 100 intérieure à celle du paddy, et la consommation d'énergie croît proportionnellement, les taux de décorticage étant de 20 p. 100 pour le sorgho et de 40 p. 100 pour le mil (rapporté à la matière sèche). Le coût du décortiqueur ABI était de 325.000 F CFA (793 $ US) à la mi-décembre 1983 sans moteur. Le coût d'un moteur thermique est d'environ 690.000 F CFA.
69. La Table 8 donne quelques caractéristiques d'autres petits moulins com mercialisés en Afrique.
Table 8: Caractéristiques de petits moulins villageois
MARQUE: | FAO | FAO | FAO | RENSON | CHAMPENOIS | TOY | TOY | TOY |
TYPE: | BTM4000 | MB317 bluterie | BA318 | Moderne | NobaGRM12 | JET13 | JET35 | Multibroie tout ''Touba" |
SYSTÈME: | marteaux mobiles | meules corindon | meules corindon | meules corindon | meules acier | marteaux mobiles | marteaux mobiles | marteaux mobiles |
Vitesse de rotation t/mn | 4000 | 900 | 750 | 400-600 | 670 | 3000 | - | - |
Débit kg/h | - | 200-250 | - | 200-300 | - | 50-150 | 100-300 | 100-150 |
Moteur thermique | 10CV | 6CV | 5-6 CV | 8CV | 5CV | 5CV | 10 CV | 11 CV |
70. Moulins à marteaux et décortiqueur SISMAR, Sénégal. La Société Indus trielle Sahélienne de Mécaniques, de Matériels Agricoles et de Représentation (SISMAR) fabrique une large gamme de matériel agricole, y compris du matériel de transformation de différents produits agricoles: batteuses à arachides, mil sorgho, riz et maïs, décortiqueurs à mil, riz et arachides, mondeuse de noix; et en particulier des moulins à céréales dont deux font l'objet d'une description ci après:
a. Le moulin NOFLAYE 2 est un moulin à marteaux pouvant être actionné par un moteur diesel de 8-9 CV ou un moteur électrique de 5-6 CV. Les marteaux sont fixes et interchangeables, de même que le tamis circulaire (ouvertures de maille de 0.5, 0.8, 1 .0 ou 1.5 mm).
Le moulin NOFLAYE 2 a été exporté dans différents pays africains dont le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, où il est utilisé pour moudre les lots de grain individuels en discontinu, comme au Sénégal. Dans ce pays, les femmes amènent au moulin des grains humides destinés à donner des farines fermentées; durant la mouture de tels grains, les farines ont tendance à boucher les ouvertures du tamis. L'avantage du moulin NOFLAYE 2 réside dans la forme des marteaux tournant à grande vitesse, profilés de façon à forcer la farine au travers des tamis et à empê cher tout colmatage. Le coût de ce moulin, sans moteur, est d'environ 400.000 F CFA. valeur 1982-1983.
b. Le décortiqueur SISMAR/IDRC/CNRA est le décortiqueur du Botswana (voir paragraphe 4.3.1) adapté aux conditions sahéliennes. La fabrication de ce décortiqueur devait démarrer à la fin de 1984.11 pourra être actionné par un moteur électrique ou par un moteur diesel, et son coût, moteur exclu, sera compris entre 600.000 et 800.000 FCFA. (SISMAR, B.P. 3214, Dakar, Sénégal, Télex 7781 SG, Tél.: 22.24.85 et 21.24.30).
71. Moulin à marteaux ABI, Côte d'Ivoire. La société ABIDJAN INDUSTRIES (ABI) fabrique des petits moulins polyvalents, à haute performance, susceptibles de moudre toutes les céréales et les racines. Les deux modèles existants, le moyen (400600 kg/h de grain) et le petit (250-450 kg/h de grain), sont équipés d'un moteur électrique triphasé, tournant à 3000 t/mn, munis de façon standard d'un disjoncteur thermique et d'un coffret de démarrage star-delta. La puissance requise est de 7,510 CV pour le modèle moyen, et de 4-5,5 CV pour le petit modèle. Le moulin peut être également actionné par un moteur à essence quatre temps ou par un moteur diesel dans les régions privées d'électricité. Les moulins sont équipés de marteaux amovibles ou, facultativement, de lames. Leur faible poids permet de les déplacer aisément (Fig. 14). Le coût du petit moulin était d'environ 281.000 F CFA (686 $ US en Décembre 1983) avec un moteur électrique, et de 690.000 F CFA (1683 $ US ) avec un moteur diesel .
72. Les autres matériels fabriqués par ABI comprennent:
a. Une petite décortiqueuse d'arachides manuelle, de 31 kg' coûtant environ 60.000 F CFA sortie usine.
b. Un décortiqueur à maïs, à roue dentée classique, à haute performance et silencieux. Différents modèles existent: à entraînement manuel (123.000 F CFA sortie usine), ou équipé d'un moteur électrique (158.000 F CFA) ou thermique.(Fig.15)
c. Un pétrin-mélangeur pour la préparation de produits alimentaires traditionnels ou nouveaux (Fig. 16). (ABIDJAN INDUSTRIE (ABI), 01 BP 343, Abidjan 01, Côte d'Ivoire, Zone Industrielle de VRIDI, Zone A, Télex 2377, Tél.: 35.43.60).
73. Un système intégré de transformation artisanale du manioc en gari a été mis au point par des constructeurs locaux en Afrique de l'Ouest. Le gari est un produit obtenu par torréfaction de manioc fermenté; les différentes opérations unitaires ont été mécanisées et assemblées en lignes de production de gari. Les différents équipements comprennent:
- une râpe à manioc qui réduit les racines pelées de manioc en pulpe par- friction sur une surface rugueuse abrasive:
- une presse hydraulique pour enlever l'eau de la pulpe de manioc et former un gâteau. Traditionnellement, cette opération est réalisée en plaçant la pulpe dans des sacs qui sont placés sous de grosses pierres;
- un tamis secoueur pour réduire le gâteau comprimé en miettes qui seront soumises à une gélification;
- un " torréfacteur" dans lequel les particules de manioc sont gélifiées sous agitation constante. Les poêlons traditionnels utilisés pour rôtir le gari sont disposés, dans la version améliorée, sur un foyer muni d'une cheminée, ce qui met l'opérateur à l'abri de la fumée;
- une calibreuse-émotteuse mécanique, dont le tamis retient les morceaux de gari aglgomérs;
- un moulin à marteaux pour émietter les gros agglomérats de gari en particules de taille convenable;
- un poste de conditionnement comprenant une balance et une thermosoudeuse électrique, ces deux derniers équipements étant importés.
La capacité déclarée de cette ligne de fabrication est de 1000 kg de racines par heure avec un rendement horaire de 200 kg de gari.
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