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1. Principaux prédateurs des grains
2. Traitement des locaux et du matériel
3. Traitement des grains contre les insectes
4.
Principaux insecticides
5. Lutte contre les rongeurs
6. Lutte contre les oiseaux
Tout grain, lorsqu'il est stocké en masse est susceptible d'être attaqué par divers prédateurs tels les oiseaux, les rongeurs et surtout les insectes. Ceux-ci sont peut être les plus dangereux car moins visibles mais ils peuvent occasionner des dégâts importants.
Nous venons de voir dans les chapitres précédents les différents moyens (nettoyage, séchage et ventilation) dont disposent les agriculteurs stockant des grains, pour mettre ces derniers dans des conditions de stockage telles que le développement des insectes soit arrêté. Toutefois, il est toujours possible qu'une infestation se développe si certaines précautions complémentaires ne sont pas prises (nettoyage des locaux et du matériel). Dans ce cas différentes techniques de traitement des grains peuvent être envisagées pour l'utilisation de produits insecticides qu'il faudra judicieusement choisir.
1. Principaux prédateurs des grains:
Les oiseaux:
Les oiseaux les plus couramment rencontrés dans les installations de stockage sont les moineaux, les tourterelles et dans certains cas les étourneaux.
Les rongeurs:
Normalement, peu nombreux dans les endroits habités, ils peuvent se développer dans des proportions importantes surtout dans les exploitations de céréaliculture élevage où l'on trouve des stockages d'aliments et des déjections animales (lieux privilégiés pour la pullulation des rongeurs). Les principales espèces rencontrées sont les souris et les surmulots.
Les insectes:
Les insectes des céréales stockées appartiennent à 2 familles
- les charançons du grain et du riz attaquent surtout les grains entiers. Les adultes pondent des oeufs à l'intérieur du grain et les larves s'en nourrissent.
- le sylvain se développe plutôt dans les brisures.
- le tribolium se nourrit de grains cassés et de farine.
- le capucin attaque les grains entiers en les réduisant en poudre dont s'alimentent leurs larves.
- le cryptoleste se nourrit surtout des germes.
- la teigne des grains tisse un cocon avec 20 à 30 grains de blé dont elle se nourrit.
- l'alucite pond ses oeufs dans les grains entiers que les larves consomment.
LES PRINCIPAUX INSECTES DES CEREALES STOCKEES (DOC. ITCF-AFNOR).
2. Traitement des locaux et du matériel:
Avant chaque récolte de céréales, il est nécessaire de vérifier l'état de propreté des locaux, du matériel de manutention et de transport et enfin des machines de récolte.
Les locaux et les cellules de stockage:
Effectuer un brossage énergique des murs, des plafonds et des parois de cellule, ensuite un balayage minutieux du sol ou mieux un nettoyage à l'aide d'un aspirateur. Leurs détritus ainsi rassemblés seront brûlés.
Dans de nombreux cas, (locaux anciens, toiture avec charpente en bois, cases de stockage en parpaings, etc...) le nettoyage mécanique est insuffisant et il faut procéder à une désinsectisation des locaux vides par pulvérisation d'insecticides sur les murs, le sol et les parois de cellules sans oublier la fosse de réception.
Les moyens de transport et de manutention:
Il faut éviter au maximum l'infestation des lots de céréales récoltées saines avant leur mise en cellule.
Les matériels de transport (remorques et camions) seront nettoyés par balayage ou aspiration et traités avec des insecticides, notamment dans le cas de fonds de remorques en bois.
Les appareils de manutention seront eux aussi nettoyés et il faut apporter un soin tout particulier aux pieds d'élévateurs que l'on doit absolument vider intégralement par la trappe prévue à cet effet. Il est recommandé lorsqu'une infestation a eu lieu de traiter avec des insecticides.
Les machines de récolte:
Un bon nettoyage du matériel de récolte après la moisson est indispensable, cela évite que les rongeurs y fassent leur nid pour l'hiver. Avant la moisson, si l'on y détecte la présence d'insectes, il faut là aussi procéder à un traitement insecticide.
3. Traitement des grains contre les insectes:
Plusieurs types de traitements sont possibles, il s'agit de la pulvérisation, de la nébulisation, du poudrage, et des bombes fumigènes. Nous allons passer en revue chacun de ces modes de traitements, avec les appareils qui leurs sont adaptés.
La pulvérisation:
Ce procédé consiste à mélanger l'insecticide dans l'eau et à pulvériser la bouillie ainsi réalisée sur le grain en mouvement.
Le principe du matériel est le suivant: mise sous pression du liquide, grâce à une pompe, pour l'acheminer jusqu'à une buse qui le disperse en fines gouttelettes sur les grains.
Cette technique, de moins en moins employée, est remplacée progressivement par la nébulisation.
La nébulisation:
Elle consiste à enrober le grain en mouvement d'un brouillard extrêmement fin, assurant une répartition de l'insecticide et une homogénéité du traitement, très supérieures à ce qui est obtenu en pulvérisation. Le produit est éclaté et dispersé en très fines particules grâce à son injection dans les buses à l'aide de l'air comprimé.
La nébulisation s'effectue avec des insecticides prêts à l'emploi, donc sans manipulation, ni mélange avec de l'eau, ce qui élimine les sources d'erreurs de dosage.
Le point de traitement idéal se situe dans les pieds d'élévateur à godets ou dans tout autre endroit où le flux de grain « éclate ».
Points de nébulisation recommandés sur un pied d'élévateur à godets.
Le poudrage:
Cette pratique est en voie de disparition et n'est envisageable que dans des cas particuliers et en dernier recours. La valeur de ce traitement est liée à la répartition de la poudre dans la masse de grain. Cette répartition est en général très mauvaise, certains endroits traités étant sous-dosés, d'autres sur-dosés.
Les bombes fumigènes:
Il s'agit de bombes fumigènes renfermant des associations d'insecticides notamment du dichlorvos et du malathion.
Elles sont utilisées lorsqu'il est impossible de mettre en mouvement le grain à traiter.
On introduit les bombes enflammées dans les gaines de ventilation alors que le ventilateur fonctionne et lorsque la fumée apparaît en haut de la cellule on arrête la ventilation et on couvre le haut du tas avec une bâche plastique. Il ne faut pas attendre de résultats parfaits de cette technique.
Nous citerons pour information la fumigation qui consiste à injecter des gaz très toxiques dans des cellules étanches. Cette technique n'est praticable qu'en organisme stockeur avec du matériel approprié et par un personnel qualifié.
Il existe deux types d'insecticides caractérisés par leur persistance d'action c'est-à-dire la durée pendant laquelle le produit demeure efficace vis-à-vis des ravageurs.
Ce sont:
Tous ces produits ne sont actifs que sur les adultes présents en surface des grains, leur rémanence peut être fortement réduite en cas de teneur en eau du grain supérieure à 15,5 % où dans les zones sujettes à réhumidification (le long des parois ou dans la couche supérieure des cellules métalliques extérieures soumises à une forte insolation).
Mais ces caractéristiques physiques font que la maitère active a complètement disparu au bout de quelques jours. Ce produit est à réserver au traitement de lots très contaminés à la réception, ou pour la commercialisation des grains à la norme « zéro insecte vivant ».
On trouve également des spécialités mixtes associant le DDVP à un insecticide à action persistante mais leur efficacité est loin d'être parfaite dans la mesure où les doses respectives de chaque constituant sont moitié par rapport à la dose normale efficace, ceci afin de ne pas dépasser la dose totale homologuée de produit actif.
Le mode de traitement insecticide (choix du produit, époque du traitement) dépend de la situation dans laquelle se trouve le grain au début du stockage et de la durée prévue de sa conservation.
Dans tous les cas, si le lot est infesté avant la mise en cellule, il faut traiter avec un produit à « effet choc ». Ensuite si les conditions climatiques de l'hiver le permettent, la ventilation de refroidissement peut être considérée non seulement comme une technique de prévention de la pullulation des insectes, mais encore comme une technique de désinsectisation. En effet, le froid tue les insectes à condition que la température des stocks puisse être maintenue en dessous de 5 °C pendant au moins 2 mois et demi. Une ventilation de refroidissement bien conduite équivaut, ou dépasse même en efficacité, les traitements insecticides à action persistante.
Lorsque le climat ou les caractéristiques techniques de l'installation de stockage ne permettent pas d'atteindre un tel niveau de refroidissement un traitement chimique du type rémanent permet de prémunir le grain environ 6 mois contre toute infestation.
S'il est nécessaire de traiter avant expédition, ce sera uniquement avec le DDVP.
Pour l'utilisation de ces différents produits, il est indispensable de suivre les conseils d'emploi indiqués sur les emballages, il ne faut pas oublier que ce sont des matières très toxiques.
PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DES SPECIALITES INSECTICIDES UTILISABLES SUR GRAINS.
Type d'insecticide | Matière active | Dose homologuee | Mode d'action | Mise en oeuvre | Action quand il est sur grain attaque | Particularité | |
Adulte | Oeufs-Larves | ||||||
Contact Action persistante |
Bioresméthine + Butoxyde de pipéronyle |
1,5 g/t | Par
le dépot laissé sur le grain Très peu ou pas d'effet de vapeur Aucune pénétration dans le grain |
Enrobage de chaque grain par pulvérisation nébulisation sur grain en mouvement | Action efficace mais lente pouvant aller jusqu'à quelques jours | Aucune action dans l'immédiat mais la forme cachée sera atteinte à sa sortie si le dépôt a encore une action insecticide | Rémanence 6 mois |
Chlopyriphos- méthyl | 2,5 g/t | Rémanence 6 mois |
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Malathion | 8 g/t | Rémanence 6 mois |
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Pyrimiphos-méthyl | 4 g/t | Rémanence 6 mois |
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Contact Action immédiate (choc) |
Dichlorvos (DDVP) | 10 g/t | Très peu
par dépôt Effet de vapeur marqué |
Action efficace très rapide qq heures | Agit sur une partie des formes cachées | Bon effet vapeur | |
Contact Action mixte |
Combinaisons de doses partielles (persistant + DDVP) | Par dépôt + Effet de vapeur | Action efficace de quelques heures à qq jours | Très peu | Addition partielle des effets choc et rémanence |
Le meilleur des traitements est tout d'abord la propreté générale du site complétée par la présence de chats. Si cela s'avère insuffisant il existe une gamme de produits chimiques efficaces contre les rongeurs. Il est nécessaire de changer de produits pour conserver un caractère attractif à l'appât. Il faut faire très attention à ces raticides car un certain nombre d'entre eux sont mortels pour l'homme et les animaux domestiques. On trouve également des petits émetteurs d'ultra sons inaudibles par l'oreille humaine mais qui provoquent chez les rongeurs des troubles cérébraux les forçant à s'éloigner.
Les dégâts causés par les oiseaux dans les cellules de stockage sont en général peu importants. Il est possible de s'en prémunir en recouvrant le grain d'un filet à mailles fines disposé à 10 ou 20 cm au-dessus du tas.
Pour le stockage en cribs, le problème est plus délicat il est pratiquement impossible d'empêcher totalement les attaques d'oiseaux, cependant une fois que les grains situés à la périphérie ont été enlevés, les rafles devenues apparentes protègent le reste du crib.
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