La première édition du Manuel de Conservation des Produits Agricoles Tropicaux a été publiée en 1974. L'épuisement rapide de ce premier tirage, l'amélioration des techniques, l'évolution économique des Pays en Développement, et une demande constante d'informations sur ce thème, sont autant de raisons qui ont conduit le Ministère de la Coopération à faire paraître une deuxième édition préparée, comme la précédente, par le CEEMAT-CIRAD.
La situation alimentaire des Pays en Développement n'est pas uniforme. Alors que certains d'entre eux ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins et voient leurs économies lourdement grevées par le coût des importations, d'autres atteignent l'autosuffisance et doivent la gérer au mieux. De plus, à l'intérieur même de chaque État, de fortes disparités existent entre régions aux potentialités inégales.
La conservation des stocks est l'un des éléments à prendre en compte dans chacune de ces situations.
La pénurie alimentaire n'a pas pour unique cause l'insuffisance de la production, les pertes après-récolte y participent pour une part non négligeable. Outre les initiatives bilatérales dans ce domaine, l'Assemblée des Nations Unies a pris en 1975 une résolution de principe visant à réduire ces pertes de 50 % en dix ans. Son agence d'exécution - l'OAA - a créé un programme spécifique de Prévention des Pertes Alimentaires qui a permis la mise en place de nombreux projets dans le monde. Cet effort a été amplifié par l'écho qu'a reçu cette initiative de la part des Gouvernements des Pays en Développement comme des pays donateurs et l'après-récolte n'est plus maintenant un domaine ignoré.
Une analyse initiale globale de la situation a conduit à privilégier les études et les améliorations techniques au niveau du petit producteur, celui-ci fournissant la quasi-totalité de la production et en consommant une large part, la population étant en majorité rurale. Cette approche, un peu sommaire, a permis de confirmer que, le plus souvent, chez les producteurs, les pertes sont beaucoup moins élevées que les valeurs alarmistes figurant dans nombre de publications et que le montant de l'investissement qu'ils consentent pour améliorer leurs techniques de stockage est beaucoup plus faible que le coût des améliorations proposées.
Nombre de projets n'ont connu aucune suite pour cette raison. S'il est indéniable que beaucoup reste néanmoins à faire au niveau du producteur traditionnel, l'approche doit être nuancée et s'intéresser en priorité aux secteurs en cours d'évolution qui sont les principaux demandeurs d'améliorations techniques. Les variétés nouvelles, plus productives, sont également plus sensibles aux insectes des stocks; les cycles variétaux plus courts, les récoltes en contre-saison, la mécanisation de la récolte, sont autant de risques d'augmentation des pertes après-récolte car le produit est livré plus tôt, en saison moins favorable au séchage; plus humide, moins propre que celui récolté à la main et en plus grande quantité. Tout projet de développement agricole doit comporter un volet post-recolte qui s'attache la proposer des solutions au producteur et au-delà, aux différents stades de la commercialisation au niveau desquels des investissements plus importants sont possibles.
La coopérative villageoise, ou le centre de collecte, peuvent permettre l'installation d'un séchoir simple (utilisant l'énergie solaire ou la biomasse), d'un magasin ou d'un appareil de nettoyage; les critères de QUALITÉ des produits vont prendre une importance primordiale dans les années qui viennent.
Au-delà, le magasin ou le silo de transit, de stockage, ou de report - au niveau desquels des pertes importantes peuvent se produire - sont autant de cas particuliers et - pour chacun - le choix de la technique à adopter devra tenir compte, du produit à stocker, de la situation géographique, de la climatologie, de l'environnement technique et du contexte socio-économique.
Le but de ce manuel est de faciliter le choix des techniques. Le plan de l'ouvrage a été remanié et organisé en grandes séquences telles que séchage, stockage traditionnel, stockage en sacs, stockage en vrac, etc... qui doivent en simplifier la consultation. Neuf fiches signalétiques des principaux produits ont été placées en fin d'ouvrage ainsi que des tableaux et abaques à l'usage des projeteurs.
Le CEEMAT tient à remercier l'ensemble des partenaires chercheurs, fabricants, ou utilisateurs qui l'ont aidé dans la préparation de ce manuel qui, nous l'espérons, apportera une aide efficace aux responsables agissant dans le domaine de la conservation des stocks.