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Les métiers de la transformation agroalimentaire se modernisent. Pour répondre à une demande croissante et plus exigeante, aussi bien sur les marchés locaux qu'à l'exportation, ils font appel à des savoir-faire renouvelés et requièrent une amélioration de la productivité du travail.
En termes d'organisation de la production, cette modernisation est le fait d'un entrepreneuriat qui, peu à peu, complète l'offre traditionnelle, familiale et artisanale, par une production plus élaborée, innovante et gérée selon des critères de performance des unités de production et des filières (rentabilité, qualité, croissance) mieux définis.
L'environnement des entreprises de transformation agroalimentaire est-il à la hauteur de cette modernisation accélérée des entreprises et des métiers ?
C'est ce que le réseau TPA a souhaité savoir en lançant de juillet à novembre 1996 une grande enquête sur "Les dispositifs d'appui aux entreprises agroalimentaires" dont rend compte ce bulletin.
Les résultats de l'enquête s'ordonnent autour de deux catégories de dispositifs: ceux à vocation financière d'une part et ceux à vocation de conseil et d'accompagnement de l'autre.
Premier constat: si les systèmes d'appui exclusivement dédiés aux entreprises du secteur agroalimentaire sont peu nombreux, ces entreprises et ce secteur constituent cependant une part importante (que l'on peut estimer d'un quart à un tiers) du portefeuille d'activité des dispositifs d'appui au secteur privé.
Second constat: les services fournis sont nombreux mais dispersés. Notre enquête en témoigne. Elle révèle la diversité des approches en matière de crédit, d'information, de formation, d'accompagnement et de conseil aux entreprises. Elle dévoile également la diversité des opérateurs: les projets, les Ong, les sociétés mutuelles et les coopératives sont autant de formes institutionnelles à travers lesquelles les bailleurs de fonds se sont engagés, aux côtés des acteurs nationaux.
Ce que l'on en retiendra, c'est la volonté d'inscrire ces institutions dans la durée. C'est une condition essentielle à la mise au point d'outils de développement adaptés aux besoins réels de tissus économiques en constante évolution.
Troisième constat: des lacunes importantes demeurent qui réduisent la portée de l'action des Etats et des bailleurs de fonds. Citons les principales: la recherche au Sud est en panne; les formations initiales aux métiers de l'agroalimentaire sont peu nombreuses; l'offre de financement des fonds propres et de l'investissement des entreprises, par du crédit à moyen et long terme, est trop faible, voire inexistante; les conseils en matière de gestion commerciale sont trop peu développés.
Mais le secteur de la transformation agroalimentaire moderne est encore jeune et peu structuré: les professionnels ne sont pas regroupés en associations; les métiers ne sont pas identifiés et reconnus comme tels, notamment par les pouvoirs publics; la gestion des filières agroalimentaires est inexistante.
Le chantier est encore vaste qui conduira à la mise en place de la panoplie complète des appuis que demandent les métiers de la transformation alimentaire. Sa progression passe précisément par une double démarche de professionnalisation des métiers et des entreprises de l'agroalimentaire:
- institutionnelle, assurant le groupement et la défense commune des intérêts des métiers de l'agroalimentaire;
- technique, à travers laquelle seraient assurées les démarches d'information économique, de formation, d'innovation, de maîtrise de la qualité et d'accès aux marchés.
C'est à cette condition que le secteur de la transformation agroalimentaire peut prendre en main l'amélioration de son propre environnement.
Etienne DE SOUZA
Ministère de la Coopération
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