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Les programmes d'appui aux entreprises

Financier les activités et les projets: du crédit à l'accompagnement de projets
Les programmes et les organismes d'appui: des financements adaptés aux situations locales
Formation, appui technique et suivi-conseil: des aides à la réussite
Insertion professionnelle des jeunes: l'aventure camerounaise de l'Apica et de l'Ensai
Des formations adaptées aux besoins des petits entrepreneurs: l'Ensia-Siarc et ses partenaires
Le Critt d'Auch: appui et formation aux entreprises agroalimentaires du nord et du sud
Diffusion des produits et des savoir-faire: la promotion des produits agricoles non traditionnels
Pernod Ricard: quand une entreprise industrielle collabore avec des petits producteurs
La fabrication du beurre de karité: quelles technologies pour les femmes?

 

En quatre volets - financement, formation, partenariat et promotion des produits -, ce bulletin présente un échantillon de programmes mis en place par des intervenants, du Sud comme du Nord, pour appuyer les entreprises africaines, petites et grandes, notamment celles du secteur agroalimentaire.

De leur côté, les opérateurs économiques - producteurs, exportateurs, transformateurs - commencent à s'organiser, ici et là. Conjuguant leurs efforts, ils se regroupent au sein d'organisations professionnelles.

Ce numéro fait le point sur le contenu, l'intérêt et les perspectives ouvertes par ces initiatives. Suivez le guide.

Financier les activités et les projets: du crédit à l'accompagnement de projets

Promouvoir une activité ou soutenir un projet est une affaire sérieuse. Divers organismes proposent aux entrepreneurs des programmes de financement et d'assistance. Mais tous les chefs d'entreprise ne sont pas logés à la même enseigne: les conditions d'attribution des crédits varient selon les situations.

Des programmes de financement d'entreprises sont élaborés par différents intervenants: institutions internationales (Centre pour le développement industriel de l'Union européenne, Programme des Nations unies pour le développement) et nationales, Organisations non gouvernementales (Ong) et certaines banques. Ces programmes consistent à financer l'activité économique des entreprises et/ou à soutenir les projets des promoteurs ou des entrepreneurs.

Des projets d'épargne, de crédit et d'accompagnement des petites entreprises sont mis en œuvre localement. L'octroi du crédit répond à plusieurs objectifs: aider les opérateurs à démarrer une activité, à financer l'achat de leur équipement ou à constituer leur fonds de roulement. Divers secteurs sont concernés: micro-activités, petites et moyennes entreprises, artisanat...

Petit crédit pour micro-entreprises

Certains programmes de crédit prévoient la collecte d'une épargne préalable (crédit mutuel): c'est le cas notamment des caisses villageoises d'épargne-crédit mises en place par le Centre international de développement et de recherche, le CIDR, et des caisses mutualistes d'épargne-crédit du Centre international de crédit mutuel (présentées ci-après). D'autres sont fondés sur la solidarité: la constitution de groupes de crédit solidaire permet aux petits emprunteurs d'accéder au crédit et offre une garantie pour le remboursement des prêts. Ces programmes sont expérimentés par l'Iram depuis plusieurs années, au Sénégal et dans d'autres pays, et par le Cirad au Burkina Faso (Projet de promotion du petit crédit rural, présenté ci-après).

De 1986 à 1995, la CFD a accordé des financements directs aux petites entreprises au moyen des aides aux initiatives productrices de base, les AIPB. Ces prêts ont permis aux entreprises de financer jusqu'à 70 % du coût total de leurs investissements, essentiellement pour l'achat d'équipements. Le suivi des entreprises bénéficiaires - des PME et la récupération de ces fonds a été assuré, par des organisations non gouvernementales et des sociétés de conseil locales, en relation avec les agences de la CFD. Devant le faible taux de remboursement et le coût total pour l'institution, ce système de prêt a été abandonné. En 1997, un nouveau type de prêts va être expérimenté; les fonds de la CFD seront octroyés à des institutions financières ou à des organismes locaux bien insérés dans leur environnement qui pourront proposer du petit crédit à court et moyen terme aux très petites entreprises.

Des crédits, mais aussi un suivi conseil

A côté des banques solidaires et des systèmes de crédit soutenus par les Ong et les organismes de développement, quelques institutions comme la Société d'investissement et de développement international, Sidi, ont mis en place un dispositif à deux facettes, intégrant la fonction de conseil et d'accompagnement des entreprises à la fonction bancaire. Les structures financières locales appuyées par la Sidi s'adressent aux entreprises existantes pour miniser les risques, et proposent à leurs responsables, qui sollicitent un prêt, un contrat d'assistance. Le suivi et le conseil fourni aux bénéficiaires est facturé, en intégrant leur coût dans le taux de crédit ou en rémunérant à part la prestation de services.

Notons que si, dans l'ensemble, les activités agroalimentaires ne font pas l'objet de financements spécifiques, elles représentent une bonne part des prêts octroyés (16 à 50 % des AIPB, 30 à 50 % des crédits aux PME).

Accompagner les projets d'entreprises et de partenariat

Les financements d'études préalables ou de développement concernent plutôt les PME et les grandes entreprises en général. Les fonds d'appui direct aux entreprises privées (Fade) ont été mis au point par la CFD pour encourager l'investissement des PME dans les pays africains. Jusqu'en 1995, cinq fonds étaient proposés aux opérateurs économiques pour soutenir leurs projets individuels ou de partenariat afin qu'ils créent, développent, diversifient, restructurent ou privatisent leur entreprise. Un tiers du volume des Fade a bénéficié à des entreprises du secteur agroalimentaire. En 1996, les Fonds de préparation de projets privés (F3P) ont remplacé les Fade (voir Bulletin 12).

Ces financements s'appliquent aux pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Ils sont tous remboursables et ils ne sont utilisables que pour le financement partiel des études préalables à la préparation des projets (le prêt sans intérêt pourra couvrir jusqu'à 70 % du coût de l'étude et sera limité à 150 000 FF). Les opérateurs auront la possibilité de mobiliser conjointement les facilités du Centre pour le développement industriel (CDI).

Les quatre facilités qu'offre le CDI (voir Bulletin 11) s'appliquent à tous les projets de création, de développement, de restructuration et de privatisation d'entreprises de taille industrielle dans les pays ACP.

Il s'agit également de favoriser les accords de partenariat entre des entreprises européennes et des pays ACP. Quatre phases sont appuyées: identification du projet industriel et de partenaires potentiels (facilité 1), conduite des opérations préalables à la réalisation du projet (facilité 2), assistance au montage du dossier de demande de financement et son accompagnement (facilité 3), démarrage et développement du projet (facilité 4).

L'appui du CDI ne dépasse pas 150 000 Ecu par an et par projet, ce qui correspond à la moitié (facilité 1) ou aux 2/3 (facilités 2 à 4) de son coût total. Ainsi, 30 à 50 % du montant du projet restent à la charge du bénéficiaire.

Les programmes et les organismes d'appui: des financements adaptés aux situations locales

Crédit solidaire, vente de produits financiers, conseil ou assistance... la vitalité des organismes de financement n'a d'égale que la diversité des situations auxquelles ils ont à faire face. Acteurs du tissu entrepreneurial africain, la Sidi, le CICM OU le PPPCR sont autant d'exemples de structures d'appui aux projets locaux. Chacun, à sa manière, tente de répondre au déficit de liquidités, de formation et d'écouté que ressent tout opérateur privé.

- La Société d'investissement et de développement international (Sidi)

La Sidi a été créée en 1983 par le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) pour accompagner et financer la création de petites entreprises, formelles ou informelles. A ses débuts, la Sidi investit ses fonds propres dans des entreprises en création, n'ayant pas accès au système bancaire classique, par des prises de participation directe dans leur capital.

A partir de 1987, elle crée des structures locales d'investissement, dont quatre en Afrique - Cerudeb en Ouganda, Fidi en Côte-d'Ivoire, IDM en Mauritanie, Madi au Maroc - et la Sipem à Madagascar qui deviennent ensuite des structures de financement local (SFL). Ces SFL apportent un appui aux petites entreprises en création ou en développement, exclues du système bancaire. Elles leur offrent une gamme variée de produits financiers: crédit de trésorerie, fonds de roulement, achat d'équipement, crédit à court et moyen terme, leasing, etc.

A la différence des banques, la garantie exigée sur la totalité du prêt est constituée par le patrimoine de l'entreprise et, surtout, par les qualités de l'entrepreneur (sa crédibilité sociale, ses capacités à diriger son entreprise). Pour accroître les chances de pérennisation de l'entreprise, la SFL assure également l'accompagnement de l'entrepreneur bénéficiaire et lui apporte conseil, formation et suit son activité. Ces services sont, selon les cas, assurés par une structure parallèle sous-traitante ou par la SFL elle-même. Ils font l'objet d'un contrat et sont facturés au bénéficiaire.

Un partenariat riche de promesses

Cette conception de l'entreprise et du travail de suivi à accomplir, commune à la Sidi et aux SFL, est à l'origine d'une démarche originale. Devenus partenaires, ces organismes ont pour objectif, non pas de favoriser les appuis et les transferts de compétences entre le Nord et le Sud, mais bien d'appuyer et de renforcer les capacités locales de financement et d'accompagnement des petites entreprises. Dans tous les cas, ce sont la pérennité de ces structures de financement local et leur fonctionnement, selon des logiques entrepreneuriales, qui sont recherchés.

C'est cette démarche qui a amené la Sidi et ses cinq partenaires africains et malgaches à lancer, en 1995, un projet de réseau des structures de financement, d'appui et de promotion de la petite entreprise en Afrique.

Le réseau Afrique répond à leurs préoccupations communes de capitaliser leurs savoir-faire. Ses objectifs sont multiples: "consolider les liens entre les structures du réseau", "harmoniser les outils techniques utilisés par confrontation des expériences", "faciliter la négociation avec les bailleurs de fonds pour augmenter les capacités de mobilisation des ressources", appuyer la consolidation et/ ou la création de structures de financement et d'accompagnement des petites entreprises, en utilisant " une démarche éthique commune".

De grandes ambitions pour le Réseau Afrique

Les activités du Réseau Afrique sont, par conséquent, assez larges. Il s'agit, d'une part, de promouvoir les activités de ses membres auprès des intervenants du développement, les bailleurs de fonds notamment. L'édition d'une publication ouverte aux professionnels de la petite entreprise (entrepreneurs, financiers, chercheurs ou organisations nationales et internationales) permettra de présenter leurs réflexions sur cette question et de diffuser l'information sur l'évolution du monde des micro et petites entreprises d'Afrique et d'ailleurs.

D'autre part, des outils communs de gestion (logiciel de suivi de portefeuilles, manuel de formation de l'agent de crédit, guide opérationnel de gestion...) vont être conçus afin d'améliorer la gestion interne des structures de financement local et les services proposés aux entreprises. Le Réseau formera les cadres des structures de financement, ce qui leur permettra d'élargir leurs connaissances et d'accroître l'efficacité et la qualité des services pro posés à leur clientèle. Enfin, l'organisation de visites et de stages au niveau des SFL est prévue pour favoriser les échanges d'expériences entre leurs membres.

Par la mise en œuvre de tous ces moyens, le Réseau Afrique devrait contribuer à renforcer les appuis apportés aux petites entreprises africaines et favoriser, par ce biais, le développement d'un tissu dynamique de micro et petites entreprises.

Contacts

IDM: Investissement développement en Mauritanie

IDM a été créé en 1991 à Nouakchott. Son capital est détenu à 60 % par la Sidi et à 30 % par un cabinet local d'expertise comptable. IDM est une société prestataire de services financiers et de conseil aux entrepreneurs. Les petites entreprises peuvent recevoir plusieurs types d'appuis financiers: prise de participation, apport en compte courant d'actionnaires, prêts de la Caisse française de développement, location-vente.

L'association Compta Conseil a été constituée en 1992, en parallèle à IDM, et collabore avec divers organismes. Cela permet de fournir aux entreprises un accompagnement à plusieurs niveaux:

- suivi comptable mensuel, conseil en gestion, étude de faisabilité du projet de création d'entreprise réalisés par Compta Conseil;

- accueil, information et formation effectués par l'Agence d'appui à la promotion de l'initiative privée (Apip);

- conseil et information sur l'exportation effectués par la Fédération artisans du monde (Fam Import).

Pour bénéficier de ces services, les entreprises doivent adhérer à Compta Conseil (environ 350 FF). Cela ne semble pas pour autant représenter une contrainte pour celles-ci: plus de 70 PME reçoivent un appui comptable et plus de 400 personnes ont jusqu'à présent été accueillies par l'Agence d'appui à la promotion de l'initiative privée (Apip). A la fin de 1995, 76 entreprises avaient reçu un financement, dont 38 prêts (de 71 000 FF en moyenne), 27 locations-vente, 17 participations au capital et 15 apports en compte courant d'actionnaires.

Enfin, IDM organise tous les deux ans, depuis 1994, un Forum du partenariat qui regroupe des acteurs économiques mauritaniens et étrangers.

Depuis fin 1996, la Caisse française de développement, principal bailleur de fonds du dispositif, a pris le relai de la Sidi. IDM est devenu IDM-M (Mutuelle), mutuelle de crédit agréée par la Banque centrale de Mauritanie.

Fidi: le Fonds ivoirien de développement et d'investissement

Le Fidi a été créé en janvier 1994 par la Sidi. Cette Ong regroupe des personnes, des associations et des entreprises souhaitant contribuer à la création d'un tissu de petites entreprises en Côte d'Ivoire. C'est actuellement la seule structure de financement local ayant un statut associatif.

La Fidi apporte trois types d'appuis aux petits entrepreneurs qui n'ont pas les moyens financiers suffisants pour mettre en œuvre leur projet de création ou de développement de leur entreprise. Ce sont le financement, l'accompagnement des entreprises et la formation. Dans le cadre d'un programme d'appui aux petites entreprises des villes côtières financé par l'Union européenne, le Fidi a constitué quatre Centres décentralisés de gestion. Ces CDG sont opérationnels depuis septembre 1994. Ils aident les chefs d'entreprise à formuler leur demande de financement de leur projet et à gérer leurs entreprises. A la fin du mois de mars 1995, plus de 16 entreprises avaient été financées par ces CDG et, en quatre mois, 225 entrepreneurs ont été accueillis. Des sessions de formation pour les membres d'une Ong locale ont également été organisées avec l'appui de la Sidi. Enfin, le Fidi édite un journal, Fidi-lnfo, qui fait le lien entre les partenaires engagés dans la promotion de l'initiative privée en Côte d'Ivoire et à l'étranger. A la fin de 1995, le Fidi avait financé 39 entreprises (soit 242 emplois consolidés) et accordé 38 prêts d'un montant moyen de 18 900 FF.

- Le Projet de promotion du petit crédit rural dans le Nord Yatenga, au Burkina Faso

Dans le Foï, au Nord Yatenga, plusieurs années de sécheresse successives, entre 1973 et 1984, ont contribué à transformer les systèmes de production. Les éleveurs sédentarisés et nomades (en majorité Peul) ont perdu 50 à 80 % de leur cheptel; les agriculteurs (Rimaïbe mais aussi Dogon, Mossi, Foulsé et Bella) ont été confrontés à un déficit alimentaire. Un diagnostic des stratégies d'adaptation des différents acteurs et de l'évolution de ces systèmes a été réalisé par le Cirad. Il a mis en évidence la nécessité de reconstituer le capital des unités productives.

C'est ainsi qu'est né, après une concertation avec des groupes de producteurs du Yatenga, le Projet de promotion du petit crédit rural (PPPCR). Une phase expérimentale a démarré en 1988 dans deux villages du département de Bahn et, en 1989, le projet a été étendu à toute la province du Yatenga puis aux provinces du Soum, du Ganzourgou et de la Tapoa en 1991. Ce projet de crédit aux activités de production et aux familles a été conçu sur le modèle du crédit solidaire de la Grameen Bank. Ce système repose sur des groupes de crédit solidaire et sur la responsabilisation des villageois au travers des comités villageois de crédit. L'octroi du crédit est soumis à trois conditions: l'organisation des producteurs en groupes de crédit solidaire, la rentabilité des activités financées (générant des marges suffisantes pour honorer les remboursements et amorcer une recapitalisation) et leur maîtrise technique, la stabilité des emprunteurs (présence effective dans le quartier, le village, afin de respecter le principe de la caution solidaire).

Les prêts sont de faibles montants (de 5 000 à 50 000 F CFA) et évoluent par paliers (10 000 F CFA au premier prêt, 15 000 à 20 000 F CFA et plus au deuxième, plus de 20 000 F CFA au troisième), afin de permettre le renouvellement des activités financées et de contribuer au fonctionnement du système de crédit. Le taux d'intérêt varie entre 16 et 20 % selon l'objet du crédit. Ce taux recouvre le coût de la ressource, le coût du fonctionnement du système de crédit, la contribution à un fonds de secours (2 %) et une épargne obligatoire (5 %).

Un système de suivi-évaluation a été mis en place depuis le début du projet. Il s'appuie sur une combinaison de différents outils (suivi des clients, enquêtes qualitatives, matrice de comptabilité sociale) qui permettent d'évaluer les effets économiques et sociologiques du projet, de mieux comprendre les stratégies des producteurs et leur évolution face aux contraintes extérieures (risque climatique, monétarisation des économies, dévaluation, urbanisation...). C'est cette connaissance fine de la clientèle, de ses potentialités, de ses contraintes et de ses aspirations, qui permet ensuite au projet de proposer des produits financiers étroitement adaptés aux besoins locaux.

Une clientèle plus féminine.. .

De 1988 à 1992, environ 6 500 prêts ont été consentis dans plus de 70 villages du Yatenga, de la Tapoa et du Ganzourgou. En 1997, le PPPCR travaille avec plus de 30 000 clients. Le taux de remboursement est toujours supérieur à 98 %. Grâce au projet, plusieurs activités, essentiellement agroalimentaires et féminines, ont pu se développer: transformation des produits agroalimentaires (48 %), petit commerce (28 %), petit élevage (15 %), artisanat (6 %) et production de savon (3 %). Les femmes représentent la quasi-totalité des emprunteurs (98 %), ce qui montre leur fort intérêt pour accéder au crédit. Etant les seules personnes socialement garantes de la " stabilité " pour bénéficier du crédit, elles ont aisément adopté la notion de groupe solidaire car elles sont familiarisées avec les activités en groupe (tontine, groupes de travail).

L'octroi du crédit a aussi permis de développer à une échelle commerciale des activités familiales anciennes, d'ordinaire destinées à l'autoconsommation. Cela a favorisé une augmentation et une diversification des revenus des femmes, qu'elles utilisent en grande partie pour des dépenses familiales.

...que masculine

Les hommes se montrent à leur tour motivés et sollicitent le projet. Ils souhaitent emprunter des sommes plus élevées, pour financer des activités artisanales et l'élevage d'embouche. Leurs stratégies (axées de plus sur la migration) apparaissent souvent comme contradictoires avec les principes du système de crédit, qui sont fondés sur l'octroi de prêts modiques et sur des critères de stabilité géographique.

Le Projet de promotion du petit crédit rural prend en compte les besoins individuels des producteurs, en répondant à leurs stratégies socio-économiques grâce à un processus de suivi-évaluation-concertation mis en place par le Cirad.

Contact:

- Le Centre international du crédit mutuel

Le Centre international du crédit mutuel (CICM) est une association créée en 1979 par le Crédit mutuel français. Cette banque, née au milieu du XIXe siècle pour favoriser l'épargne des populations pauvres rurales et agricoles, compte aujourd'hui plus de 8 millions de clients et est la deuxième banque agricole française.

La démarche du CICM est calquée sur les principes fondateurs du Crédit mutuel: la responsabilité des sociétaires, le bénévolat des administrateurs, la limitation géographique de l'activité des caisses (services de proximité) et le statut juridique d'association coopérative. Son action consiste à développer des réseaux de caisses mutualistes d'épargne et de crédit dans les zones rurales et urbaines des pays en développement. Jusqu'à présent, en Afrique, 6 réseaux de coopératives d'épargne et de crédit (400 caisses) ont vu le jour: les Mucodec au Congo, le Crédit mutuel au Sénégal, en Centrafrique et en Guinée, la Coopec au Burundi et les Coopec et Crep en Côte d'Ivoire.

Ces caisses réunissent 350 000 sociétaires au niveau local; elles s'attachent à canaliser l'épargne de la population féminine, toujours peu représentée au sein de leur clientèle.

Au préalable, collecter l'épargne

Le fonctionnement des caisses mutualistes est fondé sur la collecte d'une épargne (celle-ci a atteint 22 milliards de F CFA au 31 décembre 1996), qui permet d'alimenter des fonds de crédit. La rémunération de l'épargne varie selon les pays (4 % au Congo, 8 % en Guinée par exemple); elle ne peut néanmoins dépasser un certain plafond. Chaque année, le conseil d'administration des caisses nationales fixe le taux d'intérêt des sommes épargnées, en tenant compte des résultats enregistrés - en fonction de leur évolution, il peut être décidé de verser ou non l'intérêt aux clients -, des taux de crédit pratiqués par les caisses mutualistes et les banques nationales, ainsi que de l'environnement économique.

Les mutuelles congolaises d'épargne et de crédit

Au Congo, le réseau du crédit mutuel, fondé sur le sociétariat (chaque client étant lui-même détenteur de parts du capital de sa caisse), a été mis en place en 1983, avec 12 caisses locales comptant 1 350 sociétaires. La proximité avec la population est à la fois géographique (caisses de quartier ou de village) et financière (des conditions plus favorables que dans une banque classique étant proposées aux petits emprunteurs).

Le mouvement des Mucodec a été reconnu en tant qu'institution financière par la Banque des Etats d'Afrique centrale en 1994. Les caisses sont reliées à la caisse centrale de Brazzaville et lui reversent 80 % de l'épargne collectée mais elles évoluent peu à peu vers une fédération nationale de caisses autonomes. Le réseau des Mucodec est surtout implanté en milieu rural, où l'on dénombre 69 % des caisses, et à Brazzaville (22 %).

Les Mucodec sont partenaires de plusieurs intervenants et programmes d'appui (Agricongo, Ana, Projet d'appui aux petites entreprises, Projet d'appui à la commercialisation et aux initiatives locales). Ces partenariats favorisent l'accès au crédit, à des conditions particulières, des opérateurs soutenus par ces différents projets, chacun détenant un compte dans une Mucodec. Un fonds de garantie a été constitué pour permettre aux petits emprunteurs d'ouvrir facilement un compte. A la fin 1996, les Mucodec étaient au nombre de 45 et représentaient près de 72 000 sociétaires, soit 15 000 adhérents de plus qu'en 1995. Chaque caisse est dirigée par un conseil d'administration de 10 membres élus en assemblée générale des sociétaires, ce qui représente 450 administrateurs bénévoles. Les Mucodec s'adressent essentiellement aux petits emprunteurs, ceux du secteur " informel " qui ont besoin de petits montants (50 à 100 000 F CFA), mais de plus en plus de gros emprunteurs se tournent vers elles. Les femmes, qui sont dans la première catégorie, représentent un fort potentiel d'épargne, même si elles ne forment pour l'instant que 20 % des bénéficiaires des crédits octroyés par les Mucodec. Pour adhérer à une caisse, il suffit de verser 10 000 F CFA, représentant les droits d'adhésion (3 000 F CFA), l'achat de parts sociales (4 000 F CFA), un dépôt minimum (2 000 F CFA) et l'ouverture d'un livret d'épargne (1 000 F CFA). Plu sieurs types d'épargne sont possibles: épargne sur livret, plan épargne projet, compte bloqué, compte courant. Le crédit touche tous les domaines: consommation, social (santé, scolarité, obsèques...), achat de véhicule, habitat, affaires (financement de stock, achat d'outillage et de matériel), relais (semences, campagne agricole...), crédit permanent. Près de 40 % des sommes prêtées en 1996 ont servi à développer des activités commerciales (petit commerce et surtout commerce de produits importés). Le montant et la durée des prêts varient selon les besoins: à partir de 15 000 F CFA en cas de crédit d'urgence et le plus souvent de 100 000 F CFA pour 3 à 6 ou 12 mois, voire jus'qu'a 8 ans. En 1996, près de 6 milliards de F CFA d'épargne, presque deux fois plus qu'en 1995, ont été collectés et 10 541 prêts ont été octroyés (1,38 milliard de F CFA), surtout en milieu urbain (76 %). Les crédits professionnels ont fortement progressé (plus 131 %), mais les crédits à l'habitat et sociaux restent les plus nombreux (respectivement 20 % et 39 % du total).

Contacts:

Les caisses mutualistes accordent des crédits d'une durée moyenne d'un an, et ce pour toutes sortes d'activités économiques. Ainsi, à la fin de l'année 1996, la production de crédit a atteint 11 milliards de F CFA.

Une coordination rationnelle des réseaux

Au niveau de chaque pays, les réseaux de caisses sont organisés en antennes. Les secteurs Inspection et Formation sont coordonnés par la direction générale des caisses du pays. Leur secrétariat général détient l'autorité sur les secteurs Développement du crédit, Comptabilité, Reporting, Cadre réglementaire et Cadre financier. L'animation des réseaux est confiée aux délégués régionaux qui suivent et coordonnent l'évolution des caisses locales. Celle-ci sont gérées par un directeur et un conseil d'administration élu. Au siège parisien, deux cadres et une assistante coordonnent les activités des réseaux nationaux.

L'informatisation des opérations bancaires des caisses mutualistes permet d'effectuer un suivi plus régulier des opérations; grâce à la mise en place d'un système de reporting, il est désormais possible de connaître, précisément, les types de prêts consentis, le nombre de sociétaires et les activités financées. Pour cela, le CICM a mis au point un logiciel adapté aux conditions de fonctionnement des caisses et leur personnel est formé à l'utilisation de ces nouveaux outils. Par ailleurs, toujours dans l'optique d'améliorer le professionnalisme de ses agents au niveau des caisses locales, le CICM développe des modules de formation.

Chaque année, un bilan du développement des caisses et de l'évolution du crédit est dressé. Les actions de l'année suivante sont planifiées. Pour compléter le dispositif, le CICM organise des séminaires, largement ouverts aux interventions extérieures. Lors de ces rencontres, les participants peuvent être amenés à dresser un état des lieux de quelques-uns des programmes de financement. C'est aussi un lieu de rencontres et d'échangés.

L'objectif majeur du CICM est l'institutionnalisation et la pérennisation des réseaux de crédit mutuel qu'il développe. Cela suppose qu'ils soient techniquement et financièrement viables, avant de devenir progressivement autonomes. A cette fin, les efforts du CICM se concentrent sur la consolidation des savoir-faire financiers locaux.

Les principaux appuis financiers proviennent, pour une grande part, du Crédit mutuel. Le CICM reçoit également des financements du ministère français de la Coopération, de la Caisse française de développement et de la Banque mondiale. Dans les pays du Sud, le développement des réseaux du CICM est assuré par les mouvements eux-mêmes (conseil d'administration et salariés) en collaboration avec le CICM. Preuve de sa réussite, l'extension des antennes du réseau du Crédit mutuel devrait se poursuivre dans les années à venir, autant en Afrique que sur les autres continents.

Contacts:

Formation, appui technique et suivi-conseil: des aides à la réussite

Pour créer des richesses, il ne suffit pas d'avoir une bonne idée. Etudier la faisabilité d'un projet; monter les procédures de financement; se former sur le plan comptable, financier ou technique; profiter des dernières évolutions de la recherche ou recueillir l'information concernant sa filière.... Tout seul, un un entrepreneur ne peut y parvenir. Un certain nombre d'organismes proposent des programmes de formation, d'appui technique, de suivi et de conseil. Quelques exemples.

Certains programmes d'appui au secteur privé assurent la formation des promoteurs et des entrepreneurs. Ils abordent essentiellement les aspects techniques de la transformation des produits agricoles: l'utilisation des équipements, l'apprentissage des procédés de fabrication et de conditionnement des produits. Ils sensibilisent aussi les entrepreneurs au respect des normes d'hygiène et à la maîtrise de la qualité.

Les formations, souvent très pragmatiques, permettent aux promoteurs de tester les techniques de fabrication des produits qu'ils souhaitent lancer sur le marché (mise au point de café torréfié ou de jus de fruit à Agricongo), ou de s'initier à des technologies nouvelles (friture des fruits, extraction de l'amidon du manioc au Cirad). Les essais se font à partir du matériel disponible, dans les halles de technologie des centres de formation. Ainsi, le Centre régional d'innovation et de transfert de technologie (Critt) d'Auch en France accueille, dans son hall de technologie, des porteurs de projet. Placés en pépinière d'entreprises, ils apprennent les techniques de transformation, de conditionnement et de conservation des produits ainsi que les règles d'hygiène et de qualité. Ils vérifient, en outre, la faisabilité de leur projet d'entreprise. Les formations peuvent également se faire sous la forme d'un échange de savoir-faire entre opérateurs (voir Bulletin 12, le projet Aval).

Former à l'entreprise: une initiative récente en Afrique

Sur les aspects commerciaux et l'approche des marchés, quelques formations sont organisées dans certains pays africains. Ainsi, au Cameroun, AgroPME anime des sessions de formation en stratégie commerciale pour les dirigeants des petites et moyennes entreprises. Le même type de formation est organisé par Promex-PMA ou par le Coleacp, pour un public d'exportateurs. Ces organismes assurent également des formations sur les normes et les contraintes concernant les produits exportés vers l'Europe.

Les formations à la création et à la gestion d'entreprises agroalimentaires sont récentes en Afrique, appuyées par des organismes d'appui et de formation africains ou français. Elles sont destinées aux entrepreneurs et aux promoteurs (à l'image de l'Ensia-Siarc au Congo et en Côte d'Ivoire) ou aux jeunes avant leur arrivée sur le marché du travail (comme le proposent l'Apica et l'Ensai au Cameroun).

L'appui technique, un soutien direct à l'entreprise

Au-delà des formations, certains de ces organismes de formation, de recherche et de développement offrent un appui direct aux entreprises. Leur but: améliorer les procédés de fabrication, aider à la mise au point de nouveaux produits ou à les valoriser grâce, notamment, à l'amélioration de leur conditionnement. Cet appui peut prendre diverses formes:

- des prestations de service: utilisation d'équipements des halles de technologie, réalisation d'essais, tests sur la qualité,

- une assistance technique lors du démarrage d'une nouvelle production ou de la mise en place d'une nouvelle machine,

- la fourniture de conseils pour le choix des équipements ou la recherche de partenaires,

- une expertise de l'entreprise.

Des travaux de recherche peuvent être engagés. Certains organismes, comme le Critt, proposent un large éventail de services, qui va de la recherche à l'assistance technique. En outre, certaines structures étudient la faisabilité technique, économique et financière des projets et aident les entreprises à établir une demande de financement.

Dans beaucoup de cas, une procédure de suivi et de conseil conditionne l'octroi d'un financement à l'entreprise. Elle vise à améliorer la gestion de l'entreprise ou à renforcer sa force de vente.

Néanmoins, le suivi-conseil peut être fourni sans qu'il y ait financement. Il porte alors sur différents aspects (gestion, communication, comptabilité, analyse des produits...); malgré l'intérêt qu'il revêt pour les opérateurs économiques, le conseil en commercialisation ne leur est que rarement proposé. Néanmoins, ces procédures de suivi et d'assistance sont autant de garanties, pour l'entrepreneur, de la pérennité de son projet.


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