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LUTTE INTEGREE CONTRE LES INSECTES RAVAGEURS DES STOCKS DE MAÏS: SYNTHESE DES COMPOSANTES ISSUES DES TRAVAUX MENES A LA FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

D.K. Kossou

Université Nationale du Bénin, Faculté des Sciences Agronomiques, Cotonou, Bénin


Introduction

La lutte intégrée contre les ravageurs des stocks de maïs, d’une part, et le diagnostic sur le développement futur du secteur post-récolte en Afrique subsaharienne, d’autre part, ne peuvent se faire sans une connaissance ne serait-ce que partielle de l’état des lieux relatif aux activités mises en œuvre par les différents acteurs, institutions de formation et de recherche étatiques ou privées, organisations non gouvernementales, paysans, etc.

Synthèse des résultats

Au niveau de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université Nationale du Bénin, les travaux de recherche initiés dès la seconde moitié des années 1980 et axés sur les problèmes post-récolte visent:

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une connaissance plus approfondie des écosystèmes des ravageurs cosmopolites des grains et produits dérivés;

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une compréhension du mécanisme d’adaptation des ravageurs majeurs aux diverses formes de conservation des grains (épis et grains), surtout que la forme prédominante dans le Sud est le stockage "épi";

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une compréhension du mécanisme d’adaptation des ravageurs majeurs aux diverses formes de conservation des grains (épis et grains), surtout que la forme prédominante dans le Sud est le stockage "épi";

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un développement d’approches de lutte intégrée contre les ravageurs impliquant la résistance variétale, la lutte biologique, l’application raisonnée de produits de protection, l’hygiène et/ou autres bonnes pratiques de préservation des stocks:

Les divers travaux exécutés ne sont pas seulement l'œuvre des enseignants de la Faculté des Sciences Agronomiques; certains aspects spécifiques à la génétique et amélioration, à l’analyse des composantes des plantes ont pu se réaliser grâce au soutien d’universités étrangères ou d’institutions internationales telles que: l’UAW, la GTZ, l’IITA, etc. La contribution de l’équipe de l’INRAB à travers les centres d’Ina et de Niaouli est à souligner.
A présent, un ensemble d’informations techniques sont disponibles et peuvent valablement constituer des composantes non négligeables à la mise en œuvre de programmes intégrés de lutte contre les ravageurs majeurs du maïs en stock. Si la démarche préconisée reste conforme à une approche systémique dans le souci d’aborder la réduction des problèmes, alors les points suivants peuvent être énumérés:

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Le choix de la variété à semer est une étape essentielle. Les éléments tels que le recouvrement correct des épis par les spathes, l’étanchéité des spathes, l’extension des feuilles spathes et la compression des feuilles spathes sont des caractéristiques qu’incarnent la plupart des variétés locales et qui sont en mesure d’être intégrées aux variétés améliorées à haut rendement pour aboutir à des produits plus performants. C’est à ce stade que sont associées les modifications souhaitées par les bénéficiaires sur les plans organoleptique, de la mouture, etc. (Kossou et al., 1993; Kling et al., 1995).

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La récolte a lieu traditionnellement lorsque l’épi est balancé de la plante mère lors de la phase de séchage sur pieds où les paysans comptent essentiellement sur l’énergie solaire pour réduire l’humidité des grains au champ autour de 18-20% (teneur en eau). Les conséquences qui en découlent sont les attaques précoces des insectes, des oiseaux, des rongeurs et la prolifération des moisissures. Diverses variétés aussi bien locales qu’améliorées sont évaluées pour leurs aptitudes à ces pratiques endogènes beaucoup plus en vogue dans le Sud-Bénin. Les caractéristiques variétales citées au point précédent, ajoutées à la courbure de l’extrémité des feuilles spathes dans la zone d’extension, permettent de réduire le niveau des dégâts, surtout ceux occasionnés par les insectes et moisissures (Omontecho, 1986; Kossou et al., 1993; Kossou et al., 1994).

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Le séchage, opération indispensable dans le système pour inhiber les mécanismes physiologiques et physico-chimiques responsables des altérations des grains, par la réduction de la teneur en eau, ne peut, au niveau des communautés locales du sud où prévalent dans l’année des conditions climatiques bimodales, être détaché de la récolte. Il en résulte que du point de vue conception, les structures de stockage/conservation sont liées à cette réalité. Les variations de température et d’humidité relative, couplées à la rapidité de séchage des épis, sont et demeurent des préoccupations de recherche. Les difficultés découlent surtout des variances qui existent au sein du même type de structure et entre les différents types. Associée à cela, la disparition des matériaux les plus utilisés et parfois les mieux adaptés contre les Bostrichidae constitue à présent le problèmes majeur (Affognon, 1989; Djomamou, 1990; Kossou, 1992; Kossou et al., 1993). Elaeis guineensis Jacq. (Palmaceae) et Holarrhena floribunda (G. Don) Dur et Schinz (Apocynaceae), qui sont les moins appréciés par Prostephanus truncatus (Horn), connaissent une disparité prononcée au niveau de la flore. L’usage des bois à d’autres fins et la densité des besoins en sont certaines des causes. Néanmoins, une collection importante de matériaux de construction des greniers vient d’être faite dans le sud afin d’aboutir à des formules de protection ou de substitution. Cela s’inscrit dans le cadre du Programme d’Appui au Développement du Secteur Agricole et s’exécute avec la collaboration de l’INRAB.

*

Dans tous les cas, étant donné que le système en vigueur au Bénin associe les opérations de séchage et de stockage, il faut alors que les résultats aboutissent à des modèles:

1.

acceptables par les bénéficiaires;

2.

conformes au principe de séchage;

3.

adaptés au mode de gestion des stocks des groupes cibles;

4.

dont le rapport coût/bénéfice soit profitable aux bénéficiaires.

*

Le stockage est cerné à travers les trois formes pratiquées: épis non déspathés, épis déspathés et grain. Cependant, les formes épis, celles beaucoup plus pratiquées par les communautés rurales et recommandées par les Services de Vulgarisation, sont plus impliquées dans les travaux en vue de cerner les explications qui sous-tendent l’attachement chez presque tous les paysans du sud au stockage du maïs sous la forme non déspathée. Il résulte des divers travaux que la résistance de la forme non égrenée au Sitophilus zeamais Motsch. semble dépendre de trois facteurs (Kossou
et al., 1992):

1.

la réduction de l’oviposition, la zone préférentielle n’étant pas celle exhibée par le grain lorsqu’il est fixé dans la rafle;

2.

l’augmentation de la période de développement due à l’évolution dans la zone moins nutritive de la larve du 1er stade;

3.

l’augmentation supplémentaire du délai de la période de développement liée à la difficulté qu’éprouve l’insecte de première génération à sortir du grain.

Ces facteurs, qui contribuent à réduire les niveaux de densité de population et d’infestation constatés souvent dans le système de stockage traditionnel fait d’épis déspathés ou non, méritent d’être approfondis car pendant encore longtemps, ces formes de stockage demeureront les réalités du monde rural de la zone sud.
C’est à ce niveau que se situent les problèmes relatifs aux diverses méthodes de protection des stocks. Il faut trouver les méthodes appropriées en partant des pratiques endogènes. C’est ainsi que, pour contribuer à l’acquisition des connaissances relatives à l’utilisation des plantes à effets insecticides biologiques, plusieurs travaux sont menés depuis 1985. Des extraits de composantes de plante ou des formes sèches en poudre de ces composantes sont testées pour préserver les stocks de maïs contre les principaux insectes tels que Sitophilus spp. et P. truncatus. Sur plus d’une dizaine de plantes évaluées, les extraits de neem (Azadirachta indica A. Juss) sur Sitophilus sp. et de Clausena anisata (Willd) sur P. truncatus paraissent exhiber des seuils élevés d’effets toxiques pour un contrôle préventif. Toutefois, leurs faibles périodes de rémanence traduisent une nécessité de répéter le traitement après deux mois de conservation. Dans une approche d’utilisation des produits de neem pour la protection du maïs en milieu réel, les résultats ont suscité un engouement des paysans-collaborateurs augurant d’une tendance prometteuse quant à l’importance que peuvent avoir des actions orientées vers le développement d’unités de production de l’huile (Kossou & Sanni, non publié).
Les détails sur l’ensemble de ces travaux ont fait l’objet d’une communication au Premier Colloque du REARB, CPI/OUA tenu à Lomé, Togo du 10 au 14 février 1997 dans une approche de lutte intégrée (Kossou, 1997).
Les autres maillons du système post-récolte sont cernés par d’autres Départements de la Faculté, en particulier la commercialisation, la transformation et la consommation.
Cependant, il est important de souligner que P. truncatus a été identifié au Bénin en 1984 à partir des échantillons de cossettes d’igname collectés au marché de Dantokpa (Kossou, 1987). Les travaux ultérieurs menés sur la sensibilité aux Bostrichides de diverses formes de cossettes de manioc et d’igname ont montré des variations liées aux méthodes de transformation appliquées. Le trempage à l’eau chaude ou la cuisson sommaire dans le processus de fabrication des cossettes, réduisent de façon significative leur degré de sensibilité aux Bostrichides (Kossou, 1988).

Conclusion

Dans les perspectives de développement du secteur post-récolte en Afrique sub-saharienne, il convient de faire l’état des lieux au niveau des acquis, d'être averti de la complexité des problèmes qui jalonnent le secteur, de les inscrire dans leur propre environnement et d'aborder l’analyse du système dans son intégralité en y associant tous les acteurs. L’identification et la mise en œuvre des activités relèvent des priorités des bénéficiaires.

Références

Affognon, H., 1989. Susceptibilité des matériaux végétaux de construction des greniers 

traditionnels dans le Mono face aux attaques de Prostephanus truncatus Horn                Coleoptera: Bostrichidae). Mémoire d’Ingénieur Agronome, Université Nationale du   Bénin.

Djomamou, B.N., 1990. Problèmes du stockage traditionnel du maïs dans la Province du

Mono. Mémoire d’Ingénieur Agronome, Université Nationale du Bénin.

Kling, J.C., Yallou, C.G., Kossou, K.D., Okoruwa, A.E. and Akintunde, A.O., 1995.

Development of a high yielding maize variety with good dry milling and storage  properties in Benin. Paper presented at the Postharvest Technology and Commodity Marketing Conference, Accra, Ghana, 27-29 November 1995.

Kossou, K.D., 1987. Un nouveau déprédateur dans le système post-récolte de la

République du Bénin: Prostephanus truncatus (Horn) (Coleoptera; Bostrichidae).  Carrefour de la Recherche 2:1-11.

Kossou, K.D., 1988. Divers formes de cossettes de racine et tubercule et leur sensibilité aux

Bostrichidae Carrefour de la Recherche 4: 1-19.

Kossou, K.D., 1992. Sensibilité des bois de construction des greniers traditionnels aux

attaques de Prostephanus truncatus (Horn) (Coleoptera: Bostrichidae). Insect Science and its Application 13(3): 435-439.

Kossou, K.D., Bosque-Pérez, N.A., and Mareck, J.H., 1992. Effets of shelling maize cobs

on the oviposition and development of Sitophilus zeamais Motschulsky. Journal of stored Product Research 29(4): 333-343.

Kossou, K.D., Mareck, J.H., and Bosque-Pérez, N.A., 1993. Comparison of improved

and local maize varieties in the Republic of Benin with emphasis on susceptibility to   Sitophilus zeamais Motschulsky. Journal of stored Product Research 29(4): 333-33.

Omontecho, C.A., 1986. Caractéristiques phénologiques et physiques et sensibilité de

quelques variétés de maïs au Sitophilus zeamais Motsch. Mémoire d’Ingénieur   Agronome, Université Nationale du Bénin.

 

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