SITUATION ACTUELLE D'UNE STRATEGIE BIO-INTEGREE DE LUTTE CONTRE LE GRAND CAPUCIN DU MAÏS, PROSTEPHANUS TRUNCATUS (HORN) (COLEOPTERA: BOSTRICHIDAE) EN ZAMBIE
C. MALAMBO, J. CHAKUPURAKAL, A. SUMANI, A. SAKALA,Avant-propos
La progression du grand capucin du maïs (GCM) dans sept provinces de la Zambie, notamment le Nord, Luapula, le Centre, la Copperbelt, Lusaka, le Sud et l'Est, représente une sérieuse menace à l'agriculture zambienne. La présence du ravageur avait été signalée pour la première fois en septembre 1993 dans le district de Nakonde, dans la province du Nord et, en l'espace de deux ans, il progressa vers six autres provinces à la faveur de la diffusion d'un lot de maïs infesté importé de Tanzanie pour combler le déficit créé par quatre années de sécheresse. Un programme de lutte fut mis en place préconisant des recommandations simples pour combattre les infestations existantes au niveau des exploitations et des aires de stockage, des enquêtes à l'échelon national pour évaluer la progression du ravageur, la mise en uvre de la lutte biologique classique, le renforcement des moyens et des infrastructures phytosanitaires et de quarantaine, la formation ainsi que des campagnes de sensibilisation afin d'assurer l'efficacité de la stratégie. Une législation fut créée pour contrôler le déplacement de produits infestés de GCM d'une zone infestée vers une zone non infestée. Des études sont également en cours en vue de renforcer la sécurité alimentaire des ménages en améliorant la qualité du grain dans des structures de stockage améliorées en milieu paysan.Introduction
Le Programme national de lutte biologique de Zambie avait été mis en
place en réponse à une urgence créée par l'invasion de deux ravageurs exotiques du
manioc, notamment la cochenille farineuse et l'acarien vert du manioc, dont les attaques
avaient entraîné une situation proche de la famine dans certaines régions
septentrionales et occidentales vivant presque exclusivement de manioc. L'objectif initial
du programme, qui était de mettre en uvre la lutte biologique classique contre la
cochenille farineuse du manioc sur tout le territoire national, a pu être réalisé au
cours de la première phase du projet. D'énormes progrès ont été fait en ce qui
concerne l'objectif subsidiaire du projet: mettre au point une technologie similaire pour
venir à bout du problème de l'acarien vert du manioc et créer la possibilité
d'entreprendre des opérations écologiques de protection contre un large éventail
d'autres ravageurs économiquement importants, y compris le grand capucin du maïs qui
sévit actuellement dans le pays.
Lorsque le grand capucin du maïs fut identifié comme étant un redoutable ennemi de
l'agriculture dans les pays frontaliers tels que la Tanzanie, le Kenya, le Burundi,
l'Ouganda et le Malawi, la Zambie était déjà préparée et en 1981, des missions de
suivi avaient été effectuées dans les régions avoisinant la frontière tanzanienne. La
présente communication fait la synthèse des activités de lutte menées depuis 1981; des
rapports exhaustifs à ce sujet sont disponibles en Zambie (Chakupurakal, 1995;
Chakupurakal et al., 1996a; Chakupurakal et al., 1996b; Chakupurakal et
al., 1997a; Chakupurakal et al., 1997b).
Depuis 1992, des enquêtes régulières de suivi ont été menées en utilisant des
pièges à phéromone pour déceler la présence du ravageur. Les pièges ont été posés
dans 27 villages/sites dans le district de Nakonde (province du Nord), mais aucun
spécimen n'y a été capturé. En 1993, au cours des enquêtes menées dans le district
de Nakonde, quelque 64 pièges ont été posés et en tout 23 spécimens de GCM ont été
capturés dans sept villages.
Stratégie de lutte contre le GCM
L'invasion de la Zambie par le GCM pose un très grave problème car ce ravageur est capable de se propager dans toutes les régions productrices de maïs et de manioc du pays et d'y occasionner de sérieux dégâts aux cultures ou aux stocks de maïs, de manioc séché, de haricot, d'arachide, de bambou et de plusieurs autres produits. La Stratégie de Lutte contre le GCM mise en place consiste essentiellement à juguler les infestations connues, à suivre leur progression, à lancer une campagne de formation/éducation, à améliorer les moyens et les infrastructures phytosanitaires et à rechercher des méthodes améliorées de suivi, de lutte et de stockage.
Dans l'immédiat, le programme de lutte a pour but de faire en sorte que les agriculteurs prennent pleinement conscience de la menace que représente le GCM, qu'ils puissent reconnaître le ravageur et qu'ils soient suffisamment formés pour permettre l'utilisation efficace et sans risque de poudres insecticides sur le maïs égrené. Une attention particulière est accordée à une approche intégrée de lutte contre le GCM qui comprendrait la lutte biologique classique.
Mise en uvre de la lutte contre le GCM
Suivi de la progression des infestations
En avril 1994, le grand capucin du maïs s'était déplacé de Nakonde vers l'est, sur 30 km le long de la route qui mène au Malawi, ainsi que vers l'ouest, sur 80 km le long de la route qui mène à Mbala. Le nombre total de spécimens capturés était passé à 700. A la fin de la même année, le ravageur était présent dans 65 des 72 villages échantillonnés et les prises dans les pièges dépassaient 2000 individus, alors que l'infestation restait confinée à Nakonde, donc dans une petite partie du territoire national.
La principale extension de l'aire géographique du GCM a été découverte en 1995. En effet, en avril/mai de cette année-là, le GCM ne se trouvait encore que dans les districts de Nakonde et de Mbala dans la province du Nord alors qu'après le mois de septembre, l'infestation gagna rapidement les provinces du Centre, de Lusaka, du Sud, de l'Est, de Luapula et de la Copperbelt, apparemment à la faveur de l'importation de maïs infesté de Tanzanie pour combler le déficit de maïs généré par quatre années de sécheresse (Tab. 1, Fig. 1 et 2).
Fig. 1 | Résultats d'enquêtes sur le piégeage du grand capucin du maïs (GCM) en Zambie 1993-1994. |
Fig. 2 | Résultats d'enquêtes sur le piégeage du grand capucin du maïs (GCM) en Zambie 1995-1996. |
Un réseau de suivi des pièges à phéromone fut mis en place dans toutes les régions touchées par le GCM entre 1996 et janvier 1997. Des coordonnateurs provinciaux furent désignés et, avec l'assistance de la division de vulgarisation du ministère de l'Agriculture, le réseau rapporte régulièrement des données sur l'infestation par le GCM.
Campagnes de sensibilisation et de formation
Depuis 1994, plusieurs séminaires ont été organisés à l'intention des producteurs dans les régions touchées par le GCM. Ces séminaires ont porté sur le danger que représente le grand capucin du maïs, la restitution, les procédures de collecte d'échantillons ainsi que les possibilités de lutte chimique et biologique.
Tab. 1 | Résultats d'enquêtes sur le piégeage de P. truncatus (Pt), Zambie 1993-1997. |
Province | District | Mois/Année |
Nb. de pièges |
P.t. capturés |
Nord | Nakonde Nakonde Nakonde Mbala Mbala Isoka Isoka Mpika Mpika Kasama |
09/93 04/94 11/96 04/94 04/95 04/95 12/96 04/94 12/95 09/94 |
64 75 200 21 39 140 6 1 6 2 |
21 706 2,380 0 2 0 12 0 50 0 |
*1 *2 |
Centre | Serenje Mkushi Kapiri-Mposhi Kabwe |
12/95 12/95 12/95 12/96 |
4 6 3 5 |
19 5 88 - |
*3 *4 *5 |
Lusaka | Lusaka Lusaka Chilanga |
01/95 12/95 01/97 |
2 1 1 |
127 4 1 |
*6 |
Sud | Mazabuka Mazabuka Monze Choma Choma Kalomo Livingstone Gwembe Siavonga |
12/95 01/96 06/96 05/96 06/96 05/96 05/96 12/96 12/96 |
5 1 14 11 11 2 22 7 8 |
68 80 0 1 0 0 1 1 28 |
*7 |
Est | Nyimba Petauke Katete Katete Katete Chadiza Chadiza Chipata Chipata Chipata Mambwe Lundazi Lundazi Lundazi Chama Chama Chama |
06/96 06/96 06/96 09/96 10/96 06/96 12/96 06/96 09/96 10/96 09/96 06/96 08/96 09/96 06/96 09/96 10/96 |
4 4 7 2 3 5 5 10 5 1 4 10 1 4 4 4 2 |
0 0 0 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 |
|
Copperbelt | Luanshya Ndola Mansa Mwense Nchelenge Samfya |
12/96 12/95 11/96 11/96 11/96 11/96 |
1 1 6 8 1 8 |
- 85 4 17 0 60 |
*8 |
*1deux pièges perdus; *2deux pièges perdus; *3un piège perdu; *4un piège perdu et cinq spécimens trouvés dans du maïs importé; *5tous les pièges perdus; *6cinq spécimens trouvés dans du maïs importé; *7neuf spécimens écrasés; *8un piège perdu.
Des stages de formation ont également été organisés à l'intention des responsables de vulgarisation, des douaniers et des dignitaires locaux, afin de sensibiliser tout ce monde au danger que représente le GCM. Ces stages avaient entre autres pour thèmes: traitement du grain et pertes en cours de stockage; facteurs de détérioration du grain en cours de stockage; identification et lutte contre les ravageurs des stocks; biologie, répartition et lutte contre le GCM; impact du déplacement des céréales à l'intérieur et hors de la Zambie; gestion des structures de stockage du grain et construction de greniers paysans (travaux pratiques). Des affiches instructives, des autocollants et des brochures en anglais et en langues locales ont été diffusés dans les régions touchées par le GCM.
Amélioration des moyens et infrastructures phytosanitaires
Un bon système de quarantaine soutenu par une
législation appropriée peut valablement servir de première ligne de défense contre
tout ravageur ou maladie exotique. Des efforts sont actuellement faits en vue d'améliorer
les moyens et installations phytosanitaires disponibles par le biais d'un Programme
d'inspection et de quarantaine phytosanitaire financé par la DANIDA. Une fois
entièrement mis en uvre, ce programme permettra d'améliorer les procédures
frontalières de post-inspection et de quarantaine et de déployer suffisamment
d'inspecteurs pour couvrir tous les postes d'entrée sur le territoire zambien.
Pour garantir l'efficacité de la lutte contre le GCM, un décret portant réglementation
des ravageurs et maladies des végétaux (lutte contre le grand capucin du maïs) a été
promulguée pour servir d'instrument statutaire à la loi relative aux ravageurs et
maladies des végétaux.
Recherche de méthodes améliorées de suivi, de lutte et de stockage
Des dispositions seront prises pour entreprendre des
recherches complètes à long terme afin de renforcer l'efficacité du programme de lutte
contre le GCM. Ces études prendront en compte l'affinement des techniques de suivi dans
une approche intégrée pour combattre le GCM, de même que les variétés tolérantes
améliorées, les possibilités de manipulation de la période de récolte (de manière à
réduire l'infestation) ainsi que l'impact socio-économique.
Une étude spéciale a été initiée dans le but d'évaluer les structures de stockage
existantes en milieu réel par rapport à la sécurité alimentaire des ménages dans les
zones rurales. Ces études contribueront sensiblement à évaluer les connaissances et les
capacités des agents de vulgarisation et des paysans pionniers dans le domaine des
technologies et de la protection post-récolte.
Lutte biologique
Etant donné que la lutte contre le GCM au moyen de
produits chimiques seuls n'est ni pratique ni réalisable dans le cas d'une infestation
aussi vaste, l'application d'une lutte biologique écologiquement viable a été adoptée
dans le cadre d'une approche visant à juguler le problème du GCM. La lutte biologique
présente l'avantage de résoudre un problème de ravageur tout en protégeant
l'environnement et la santé des populations. Elle est autonome ainsi, aucun
intrant supplémentaire n'est nécessaire , écologiquement et économiquement
viable. Son seul inconvénient est sa lenteur: en effet, elle ne fonctionne pas du jour au
lendemain mais en compensation, elle fonctionne sur des générations.
La lutte biologique contre le grand capucin du maïs est actuellement mise au point par la
GTZ, le NRI et l'IITA. L'évaluation en plein champ du lâcher d'un agent de lutte
biologique classique, le coléoptère prédateur Teretriosoma nigrescens Lewis
(Coleoptera: Histeridae), a atteint un stade avancé dans des pays comme le Togo, le
Bénin, le Kenya et le Ghana. L'ennemi naturel s'est déjà bien implanté et s'est
abondamment répandu dans ces pays. Au niveau international, l'on s'efforce d'évaluer de
manière décisive l'impact de T. nigrescens (3.4). Au cours du mois de juin
1996, l'IITA a envoyé des spécimens de T. nigrescens pour des élevages et
des lâchers locaux. L'élevage local du prédateur évolue correctement à la Station de
recherche de Mount Makulu. En juin 1996, quelque 1,900 lâchers de T. nigrescens ont
été effectués au port de radoub de Kapiri-Mposhi, dans un entrepôt près de la gare de
Tazara et à l'air libre dans le voisinage de l'entrepôt. D'autres lâchers ont
également été effectués dans le verger de la Station de recherche d'Old Fife, à
1 km de la région de Katongo, à 24 km de la région de Nakonde et Sansamwenje, à
70 km de Nakonde (Tab. 2). Les enquêtes de suivi menées pendant la saison des pluies ont
confirmé l'implantation du prédateur dans toutes les zones de lâcher. Une deuxième
expédition de 500 prédateurs a été ajoutée à la culture d'élevage en novembre 1996.
Les enquêtes de suivi menées en 1996 dans six provinces de Zambie, notamment les
provinces du Nord, de Lusaka, du Sud, de l'Est, de la Copperbelt et de Luapula, ont permis
d'affirmer la propagation et l'intensité d'infestation du GCM. C'est ainsi que pour les
premiers lâchers de 1997, les sites de lâcher ont été présélectionnés à partir des
données de 1996 du réseau de suivi.
En mars-avril 1997, des lâchers de T. nigrescens ont été effectués dans
22 localités des provinces de Lusaka et du Sud. Ces localités comprenaient
Barastone, Lilanda, Barclay-LDS, Kabanana, Chawama, Chamba Valley, Ibex Hill, Namalombwe,
Lukolongo et Kasaka dans la province de Lusaka; Nalwama, Siantotola, Choma, Kabulamwanda,
Namwala, Chipepo, Munyumbwe, Chikanzaya, le Centre de formation des paysans de Zambezi
(Siavonga) et la Paroisse de Queens Peace (Siavonga) dans la province du Sud.
D'autres lâchers de T. nigrescens ont été effectués vers la fin du mois d'avril
1997 à Mbala dans la province du Nord, à Mwense et Samfya dans la province de Luapula et
à Kapiri Mposhi dans la province du Centre (Tab. 2, Fig. 3).
Tab. 2 | Lâchers de T. nigrescens (Tn) et nombre de P. truncatus (Pt) capturés, Zambie, 1996-1997. |
Province/District | Site |
Mois/Année |
Pt capturés |
Tn lâchés |
CENTRE Kapiri-Mposhi Kapiri-Mposhi |
Tazara Station Tazara Station |
06/96 06/96 |
- - |
300 600 |
NORD Nakonde Nakonde Isoka |
Station agricole Katongo Sansamwenje |
06/96 06/96 06/96 |
- - - |
300 100 600 |
LUSAKA Lusaka Lusaka Lusaka Lusaka Lusaka Lusaka Lusaka |
LDS Lilanda Barastone Kabanana Chawama Ibex Hill Chamba Valley Namalombwe |
03/97 03/97 03/97 03/97 03/97 03/97 03/97 03/97 |
76 327 280 66 34 34 104 152 |
50 100 100 40 40 40 50 120 |
SUD Mazabuka Siavonga Siavonga Siavonga Siavonga Monze Gwembe Gwembe Namwala Namwala Choma |
Nalwama Chikazaya Ibbwe Munyama Chirundu Chirundu Haatontola Munyumbwe Chipepo Centre commercial Kabulamwanda Marché central |
03/97 03/97 03/97 03/97 03/97 04/97 04/97 04/97 04/97 04/97 04/97 |
40 586 <2000 598 428 180 98 143 - 234 46 |
50 160 100 200 100 50 50 50 100 50 50 |
Des enquêtes de suivi seront menées en octobre 1997 afin d'évaluer
l'implantation de T. nigrescens dans les nouvelles zones de lâcher. Quelques
lâchers d'envergure sont prévus pour la saison des pluies 1997. A cet effet, il y aura
un couplage de sites de lâcher avec des sites sans lâcher, avec des répétitions dans
divers districts, en prenant le soin d'éloigner autant que possible les sites les uns des
autres de manière à éviter que le prédateur, par son déplacement rapide, n'inonde
l'essai. Les données recueillies de ces premières enquêtes de suivi et de ces campagnes
de lâcher de T. nigrescens offriront suffisamment d'informations de base pour
évaluer par la suite l'impact de la lutte biologique contre le grand capucin du maïs.
Les lâchers de fin avril ont été effectués avec l'assistance de Dr. Christian
Borgemeister, responsable du Programme Grand Capucin du Maïs à la Division de phytiatrie
(PHMD) de l'IITA. Au cours de la même période, M. Cyrille Adda de PHMD/IITA a visité
les installations d'élevage de T. nigrescens à Mt. Makulu et a suggéré des
voies et moyens d'améliorer la production de l'ennemi naturel.
Fig. 3 | .Lâchers de T. nigrescens en Zambie, 1996-1997 |
Résultats
A une époque, l'accroissement des populations de GCM n'était observé
que dans l'environnement au sens large et, dans une moindre mesure, dans les stocks de
maïs importé. Les enquêtes récemment menées dans les provinces de Lusaka et du Sud
ont toutefois enregistré des taux d'infestation élevés sur du maïs produit localement,
tant au champ qu'en stockage.
Le Grand capucin du maïs commence à se révéler un redoutable ravageur des greniers
ruraux de maïs en Zambie. Plusieurs localités des provinces de Lusaka et du Sud ont en
effet enregistré des pertes graves de maïs produit localement (au niveau des épis en
champ et des sacs de grain en stock). Parmi ces localités, l'on peut citer Barastone
(district de Lusaka), Chikanzaya et Ibwee Munyama (district de Siavonga). Dans ces
régions, des infestations de GCM ont également été observées dans les structures de
stockage en bois (cribs).
Dans la région de Barastone (Lusaka), deux sacs de maïs égrené dans un grenier
étaient fortement infestés de GCM. Le paysan en question achète du fourrage auprès des
minotiers dans des sacs de jute qui ont pu arriver infestés de GCM. En plein champ, la
culture de maïs qui se trouve à quelques mètres du grenier infesté est soumise à un
haut risque d'infestation avant et après la récolte.
Dans le district de Siavonga (province du Sud), le GCM inflige déjà de sérieux dégâts
à la récolte de maïs de la campagne 1995/96. C'est le cas à Chikanzaya et à Ibwee
Munyama où environ 14 villages ont subi de fortes infestations de GCM dans les épis de
maïs stockés dans des cribs en bois/chaume ainsi que dans les cultures en plein champ.
Dans ces villages, des taux d'infestation atteignant 90% ont été signalés.
Dans le district de Gwembe, l'infestation du maïs stocké en épis a été confirmée
lors des lâchers du prédateur à Chipepo. Le palais du Chef de Chipepo a servi de centre
de distribution du maïs de secours en 1996 et c'est là que la présence du GCM avait
été signalée pour la première fois dans la province du Sud. Les stocks d'épis de
maïs appartenant au Chef ainsi que les stocks de nombreux autres villages étaient déjà
réduits en poussière.
D'autres districts tels que Mazabuka, Monze, Choma et Namwala ont enregistré des prises
importantes de GCM dans les pièges, mais le ravageur n'y a pas encore pris d'assaut les
greniers de maïs. Dans plusieurs régions, toutefois, la récolte de cette année risque
d'être infestée, surtout là où plus de 200 spécimens ont été capturés en quelques
semaines.
Attitude des paysans vis-à-vis du changement de pratiques de stockage
A Siavonga et Gwembe où les greniers de maïs des paysans ont déjà subi de lourdes pertes, l'exhortation à appliquer des méthodes de stockage améliorées commence à être entendue. Il se peut même que le projet de sécurité alimentaire - Household Food Security (HFS) - mis en place à Choma ne puisse pas satisfaire la demande en matière de construction de structures de stockage améliorées.
En revanche, les paysans qui ne sont pas touchés par le GCM continuent de prendre ces campagnes à la légère et sont donc réticents à renoncer à la pratique traditionnelle qui consiste à stocker le maïs en épis dans des cribs ouverts et aérés.
Conclusion
La propagation du grand capucin du maïs est reconnue comme étant une menace importante pour l'agriculture zambienne. Le Programme de lutte contre ce ravageur représente une tâche gigantesque et tout est fait pour assurer la mise en uvre effective de la stratégie. Le succès de ce programme aura des retombées significatives car la présence du GCM représente un risque pour le pays tout entier et tout échec aurait des répercussions catastrophiques: de graves déficits alimentaires qui menaceraient la survie de millions de Zambiens. Grâce à une approche intégrée de lutte contre le GCM avec un accent particulier sur la lutte biologique classique, il est possible de ramener les pertes en dessous du seuil critique en assurant un niveau acceptable de lutte contre le ravageur, en réduisant l'utilisation abusive de produits chimiques, en limitant les risques pour la santé et, par la même occasion, en protégeant l'environnement. Tôt ou tard, tout cela contribuera à réduire les pertes infligées par le GCM et à consolider la sécurité alimentaire de la nation.
Références
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