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6.3.3. Matériels de contrôle

Nous avons étudié dans le chapitre Il les matériels utilisés pour le prélèvement et l'échantillonnage des grains. Nous présentons ici des matériels de contrôle des principaux facteurs d'altération des denrées l'humidité et la température.

6.3.3.1. Contrôle de l'humidité

a) RAPPEL

L'humidité du produit est couramment exprimée par le rapport en pourcentage du poids d'eau au poids total

Comme nous l'avons déjà signalé, l'humidité est parfois exprimée uniquement par rapport à la matière sèche. Il est donc nécessaire de préciser la définition à laquelle on se réfère.

b) LES PRINCIPES DE DOSAGE

Les appareils de dosage de l'humidité mesurent des phénomènes physiques qui varient avec la teneur en eau:

- perte de poids,
- conductivité et constante diélectrique des grains,
- humidité relative de l'air en équilibre avec le produit.

c) MÉTHODES

Méthode fondamentale (Fig. 195)

Une coupelle contenant 1 g de grains broyés est placée dans une étuve maintenue à 60° C. La dessiccation s'effectue sous vide partiel, en présence d'anhydride phosphorique (qui absorbe la vapeur d'eau), jusqu'à poids constant. La coupelle est pesée régulièrement (tous les 2-3 jours) et lorsque le poids constant est atteint toute l'eau a été éliminée. Cette méthode, qui n'est réalisable que par certains laboratoires bien équipés, est très longue (300-400 heures), elle n'est donc pas intéressante pour l'organisme stockeur, mais sert de référence pour les autres méthodes (étalonnage des appareils).

Fig. 195: Schéma de la méthode de référence.

Méthode de référence «pratique» (Fig. 196)

Un échantillon de 5 g de produit broyé est placé dans une étuve a 130° C. Après un étuvage de 2 ou 4 h (maïs) l'échantillon est placé dans un récipient contenant un produit dessiocateur (gel de silice) et laissé à refroidir pendant 45 nui. Il est alors pesé à nouveau.

L'humidité est donnée par:

Maïs : échantillon broyé à 130°-133° C pendant 4 h.
Riz, blé : échantillon broyé à 130°-133° C pendant 2 h.
Oléagineux : grains entiers à 102°-105° C pendant 15 h.

Exemple: si après étuvage l'échantillon de 5 g ne pèse plus que 4,2 g, l'humidité du produit est: (5 - 4,2)/5 ´ 100 = 16 %.

Fig. 196: Schéma: Méthode de référence pratique.

La déshydratation du grain est souvent réalisée dans une étuve multicellulaire CHOPIN (ou étuve lente).

La détermination de l'humidité par dessication est une méthode très précise (± 0,3 % et souvent moins), mais cependant lente et demandant un appareillage complexe. En fait, elle permettra essentiellement d'étalonner les appareils basés sur les autres méthodes.

Méthodes pratiques réalisables au niveau du silo ou du magasin

- Par dessiccation

Il existe quelques appareils basés sur le principe de la dessiccation mais pouvant fournir des résultats dans un délai assez court. Pour augmenter la vitesse de la mesure on utilise des températures élevées, ce qui risque de fausser légèrement la mesure car d'autres produits (huile) risquent d'être éliminés avec l'eau.

Étuve rapide type «CHOPIN» (Fig. 197)

Cet appareil sèche à 160° C - 200° C un échantillon de quelques grammes (5 à 10 g) dans un petit four électrique, l'eau évaporée traverse une cartouche de carbure de calcium avec lequel elle réagit pour former de l'acétylène qui est brûlé au niveau d'un bec. Lorsque la flamme disparaît la déshydratation est terminée. La coupelle contenant l'échantillon est retirée et laissée à refroidir avant d'effectuer une seconde pesée sur une balance propre à l'appareil dont le fléau est directement gradué en pourcentages d'humidité.

Pour obtenir de bons résultats il faut effectuer les pesées avec une grande précision. La température de l'étuve doit être stable (mise sous tension longtemps avant la mesure). Il est enfin nécessaire de renouveler fréquemment le carbure de calcium (toutes les trois mesures).

Les appareils à dessiccation ont l'avantage d'être fidèles quelle que soit l'humidité du produit à doser et d'être précis mais ils présentent plusieurs inconvénients:

- la préparation de l'échantillon et les pesées doivent être faites avec soin,

- les échantillons sont très petits (5 à 10 g) et plusieurs mesures sont nécessaires pour avoir une idée exacte de l'humidité moyenne d'un lot,

- les appareils sont fragiles et tributaires d'une source d'électricité,

- la mesure n'est pas immédiate (10-15 mn),

- utilisation complexe qui ne peut être faite que par une personne avertie.

Cependant, dans un organisme stockeur, des appareils de ce type sont indispensables pour permettre par comparaison un étalonnage des différents humidimètres utilisés au niveau des silos.

Fig. 197: Principe de l'étuve rapide Chopin.

Il existe une version moderne de cette étuve conçue pour éviter les erreurs de manipulation et homologuée en France pour les transactions commerciales (Modèle ERAG 2).

Lampe Infrarouge

L'échantillon broyé est placé sur le plateau d'une balance de précision et soumis à l'intense rayonnement d'une lampe infrarouge. L'évaporation de l'eau provoque le déséquilibre de la balance, que l'on compense en déplaçant un curseur sur une échelle graduée en pourcentage d'humidité. Les résultats obtenus avec ce type d'appareil sont systématiquement inférieurs à l'humidité réelle, car le produit tend à se mettre en équilibre avec l'humidité relative de l'air ambiant et conserve toujours un peu d'eau.

Thermidimètre AGPM

Pour pallier les nombreuses insuffisances des appareils électriques actuellement utilisés (résultats influencés par la propreté de l'échantillon, son niveau d'humidité...) (voir plus loin), l'A.G.P.M. propose une méthode par dessiccation sur des échantillons importants (80 à 120 g), donc plus représentatifs des lots à étudier. Ce «thermidimètre» AGPM est constitué d'une étuve ventilée (215 litres) pouvant recevoir 400 échantillons. Les échantillons sont conservés dans des boîtes en aluminium d'environ 250 cm³. La déshydration est conduite à 153° C qui dure de 15 à 23 h suivant les produits.

Cette méthode est applicable au niveau de grands centres de collecte et pour des produits relativement humides. Elle présente les avantages d'une grande fiabilité (± 1 point par rapport à la référence) et d'une bonne représentativité des lots à analyser (échantillons importants). Elle a pour principal inconvénient de ne pas fournir un résultat immédiat (délai de 24 h).

- Par mesure des caractéristiques électriques du grain

Les humidimètres électriques mesurent soit la résistivité du produit au passage d'un courant électrique continu, soit la constante diélectrique du produit dans un condensateur soumis à un courant alternatif de haute fréquence.

Les appareils mesurant la résistivité électrique du grain se composent d'un ampèremètre étalonné en degrés d'humidité qui mesure l'intensité du courant après passage dans le godet contenant l'échantillon.

Fig. 199: Schéma d'un hygromètre à résistivité. (Doc. B.P.)

Ces matériels sont souvent de petits appareils portatifs fonctionnant sur piles, ce qui constitue leur principal avantage. Ils sont également peu chers. La mesure est immédiate, mais ces appareils sont peu fiables. Les mesures peuvent dépendre de la variété du grain (la forme du grain joue). Certains types nécessitent un broyage préalable, ce qui limite leur utilisation à des produits de teneur en eau inférieur à 18%.

Vue la faible fiabilité de cet appareil, il n'est pas recommandé de l'utiliser au niveau des silos où comme nous le savons l'humidité doit être déterminée avec précision pour espérer une bonne conservation. Ce matériel pourra rendre service au producteur en l'aidant à apprécier l'humidité de ses cultures et à choisir la date de la récolte.

Exemple d'appareil: DICKEY JOHN.

Les appareils mesurant la constante diélectrique des grains en haute fréquence.

L'humidimètre comprend deux circuits à courant alternatif à relative haute fréquence (2 400 hertz). Sur l'un d'eux sont placés en série un condensateur fixe et un condensateur variable. Le condensateur fixe constitue la chambre de mesure, le grain jouant le rôle de l'isolant. L'introduction du grain provoque une modification de la fréquence du courant. L'équilibre est rétabli avec la fréquence du circuit de référence en agissant sur le condensateur variable. L'axe du condensateur porte un index qui, après étalonnage, permet la lecture directe du degré d'humidité sur un cadran.

Fig. 200: Schéma hygromètre à diélectrique. (Doc. B.P.)

A chaque produit correspond une courbe d'étalonnage de l'appareil. Les caractéristiques mesurées pouvant varier selon la forme et la dimension des grains, il est parfois nécessaire d'avoir des courbes d'étalonnage différentes selon les variétés (avant tout achat d'un humidimètre, il est recommandé de donner au constructeur le maximum de renseignements sur le produit à tester afin qu'il fournisse un appareil correctement étalonné).

Généralement les appareils à constante diélectrique utilisent des échantillons de grains entiers en quantité relativement importante (100 à 400 g) ce qui permet une meilleure représentativité du lot, cependant les mesures peuvent être influencées par différents facteurs

* la température de l'échantillon,
* le tassement de l'échantillon - son poids,
* la propreté de l'échantillon,
* la répartition de l'eau dans le grain.

Température

Les hygromètres sont étalonnés à 20° C. Lorsque l'échantillon est à une température supérieure ou inférieure, une correction de 0,1 % environ doit être apportée à la lecture par degré en plus ou en moins. De plus, la lecture n'est valable que si l'appareil et l'échantillon sont à la même température, il convient donc, dans la mesure du possible, «d'employer l'appareil en un lieu où la température est sensiblement égale à celle du lieu où le produit est stocké». Le sens de la correction à apporter est indiqué dans la notice d'utilisation de chaque appareil.

Le tassement - le poids de l'échantillon

Normalement la mesure doit être faite sur un volume fixe de densité constante. Les appareils sont sensibles au tassement, il faudra éviter les vibrations lors des mesures et verser le grain doucement et uniformément dans la chambre de mesure.

Le poids de l'échantillon joue également un rôle important. Des essais réalisés par l'I.N.R.A. sur un appareil à constante diélectrique ont fourni les résultats reportés sur la figure 201.

Fig. 201: Influence du poids de l'échantillon sur la mesure de l'humidité (appareil à constante diélectrique).

Il apparaît qu'une erreur de 10 % sur le poids de l'échantillon se traduit par une erreur de 6 points (de 24 à 30 %) sur la mesure de l'humidité. Il est donc important que les échantillons soient «pesés avec soin».

Propreté de l'échantillon

Les appareils sont étalonnés avec des échantillons composés uniquement de grains entiers. En pratique, les lots de grains contiennent toujours des impuretés et des brisures et il s'avère que les appareils y sont sensibles.

Par exemple, des erreurs de mesure de 1,5 à 10 points d'humidité ont été relevées avec des échantillons contenant 2 % d'impuretés et des erreurs de 1 à 4 points avec des taux de brisures de 6 %.

Répartition de l'eau dans le grain

Les appareils électriques, travaillant sur des grains entiers, mesurent les caractéristiques de la périphérie du grain: il est donc important que l'eau soit en équilibre dans toutes les parties du grain pour que la mesure soit exacte. A la sortie du séchoir, par exemple, la périphérie est plus sèche que l'intérieur et la mesure est erronée par défaut si l'humidité n'a pas eu le temps de s'homogénéiser (une dizaine d'heures). D'autre part, lorsque le grain est à température plus basse que l'ambiance, l'humidité de l'air se condense sur les graines et la mesure est erronée par excès.

Une mesure exacte de l'humidité de grains sortant d'un séchoir ou mouillés superficiellement ne peut être faite qu'après environ 10 h d'homogénéisation.

Enfin rappelons que les matériels doivent être conservés en bon état et que l'on doit périodiquement vérifier leur étalonnage. D'autre part un échantillon ne peut servir qu'une seule fois; son passage dans l'appareil ayant modifié ses caractéristiques électriques.

Malgré ces inconvénients, les appareils électriques sont très utilisés car ils présentent pour le praticien de grands avantages. Ils sont relativement simples d'emploi et fournissent un résultat immédiat sur un échantillon de plusieurs centaines de grammes qui peut être représentatif d'un lot entier si l'échantillonnage est bien fait. Il existe de nombreux humidimètres utilisant le principe de la mesure des caractéristiques diélectriques du grain (Fig. 202-203).

Ces appareils sont relativement sophistiqués et chers.

Pour tous les appareils il existe une marge de tolérance en fonction de l'humidité (entonnoir de tolérance).

Figure

Le Service des Instruments de Mesure a défini les marges d'erreurs suivantes:

Titre en eau méthode de référence

Marge de tolérance des appareils agréés

Céréales autres que le riz et le maïs

Maïs et riz

Oléagineux

8

-

-

7,4-8,6

10

9,6-10,4

9,4-10,6

9,2-10,8

12

11,5-12,5

11,4-12,6

11-13

15

14,4-15,6

14,3-15,7

13,8-16,2

20

19,2-20,8

19-21

18,4-21,6

25

24-26

23,8-26,2

-

30

-

28,5-31,5

-

35

-

34,2-36,8

-

40

-

38-42

-

Fig. 202: Le Super MATIK MK 1. (Doc. FOSS ELECTRIC.)

Fig. 203: Le Multigrain TR-Dj. (Doc. TRIPETTE ET RENAUD.)

Enfin signalons que, pour les installations importantes, certains constructeurs proposent des doseurs d'humidité en continu, des grains ou des poudres. Une onde électromagnétique de très haute fréquence et de faible puissance traverse le flot de grain. Cette onde est atténuée suivant la quantité d'eau contenue dans le grain; c'est cette atténuation de l'onde haute fréquence qui est mesurée et enregistrée en continu.

- Appareils mesurant l'humidité relative de l'air en équilibre avec le produit:

Nous avons vu, dans l'étude des échanges air-grain, que l'air situé entre les grains se mettait en équilibre hygroscopique avec le produit.

Les appareils de mesure de l'humidité de l'air sont le plus souvent basés sur la variation de longueur d'un cheveu ou d'une fibre synthétique.

La mèche de cheveux ou de fibres est placée dans le corps d'une sonde métallique perforée, fixée à l'extrémité inférieure et reliée à l'extrémité supérieure à un mécanisme permettant la lecture de la dilatation sur un cadran gradué, soit en humidité relative, soit en humidité du produit.

Pour effectuer la mesure, la sonde est enfoncée dans la masse du produit à doser et y est maintenue jusqu'à ce que l'équilibre soit atteint, ce qui peut demander plusieurs dizaines de minutes. ces appareils sont imprécis.

Compte tenu du délai nécessaire pour la mesure, ce type d'appareil est peu employé pour les transactions, mais est pratique pour le contrôle des stocks en vrac ou en sacs. En règle générale, les denrées sont stockées à l'humidité d'équilibre de 70 %, qui correspond au seuil de développement des moisissures. La sonde est utilisée non pas comme appareil de mesure, mais comme appareil de test pour s'assurer que le stock se trouve dans des conditions de conservation satisfaisantes.

- Autres: (pour mémoire)

Test au lithium

Le lithium a la propriété de changer de couleur en fonction de l'humidité. Partant de ce principe, MM. MATTHES et BUTLER proposent une méthode simple pour tester l'aptitude des grains au stockage. Les auteurs ont mis au point des réglettes de 3 carrés de lithium à différentes concentrations. Ces réglettes sont placées avec le produit dans un bocal hermétique. L'équilibre est atteint après deux heures environ. Le premier carré vire du bleu au rose lorsque l'humidité relative dépasse 45 %; le second vire au rose lorsque l'humidité dépasse 55 % et le troisième lorsque l'humidité dépasse 65 %. En dehors des périodes d'utilisation, les plaquettes sont conservées en bocal hermétique avec un dessiccant après chauffage à 65° C. Les applications de cette méthode sont limitées.

En conclusion de cet examen des différents moyens utilisés pour le dosage de l'humidité, nous insisterons sur la nécessité pour l'utilisateur de bien choisir, dans la vaste gamme des appareils proposés sur le marché, l'appareil convenant exactement à ses besoins, en précisant la nature du produit à doser, la variété (en fournissant au besoin un échantillon), les limites supérieure et inférieure d'humidité entre lesquelles l'appareil devra donner un résultat juste, les conditions et la fréquence d'utilisation de l'appareil.

La connaissance de la teneur en eau des produits agricoles est essentielle pour mener à bien le stockage, il est donc nécessaire que tout organisme stockeur (stockage en vrac ou en sacs) puisse disposer de matériels de contrôle efficaces. Des matériels électriques (mesure des caractéristiques diélectriques) permettant une lecture directe de l'humidité devraient équiper chaque centre de stockage. L'acquisition d'un matériel à dessiccation (type étuve rapide CHOPIN) permettra de contrôler périodiquement les résultats. Enfin des appareils portatifs (mesure de la résistivité) très maniables peuvent rendre de grands services au niveau des contrôles en milieu paysan.

Il est donc souhaitable (voire nécessaire) qu'à l'avenir l'emploi de doseurs d'humidité se généralise.

6.3.3.2. Contrôle de la température

Le contrôle de la température des produits stockés est indispensable pour suivre leur évolution au cours de la conservation. Une élévation très lente de la température peut être due au réchauffement de l'atmosphère extérieure, mais elle peut aussi être l'indice d'un début de dégradation qu'il faut combattre rapidement. Les contrôles de température doivent être effectués fréquemment pour agir en temps voulu.

Les masses de grains sont rarement homogènes et les grains sont mauvais conducteurs; il faut donc faire des relevés en des points assez rapprochés et bien répartis.

a) QUALITÉS REQUISES DES APPAREILS DE MESURE

- Précision

Il n'est pas nécessaire que les appareils soient très précis, compte tenu de l'hétérogénéité évoquée plus haut. En général, une précision de l'ordre du degré centigrade est suffisante.

- Sensibilité

Les appareils doivent être sensibles pour indiquer de faibles variations de température, de façon à déceler tout échauffement, même minime.

- Fidélité

Il est très important que les appareils indiquent le même résultat à des moments différents si, entre temps, la température de la masse n'a pas varié. De même, il est important qu'ils fournissent la même lecture si, après un échauffement combattu par ventilation par exemple, la masse est ramenée à sa température d'origine.

- Robustesse

Qu'il s'agisse d'appareils fixes ou d'appareils mobiles, les thermomètres doivent être particulièrement bien protégés contre les chocs, les frottements, etc.

- Simplicité

La mise en œuvre et la lecture des thermomètres doit être simple, sans mise au point longue et fastidieuse.

b) DIFFÉRENTS TYPES D'APPAREILS DE MESURE

Selon les principes de mesure utilisés, on distingue cinq grands types d'appareils.

- Thermomètres à liquide

Ils mesurent la dilatation d'un liquide (mercure ou alcool) sous l'influence de la température. Placés dans des sondes métalliques, ils permettent de mesurer la température à l'intérieur des sacs ou dans des grains en masse sous faible épaisseur. On peut également placer des tubes verticaux ou inclinés dans la masse de grains et y faire descendre le thermomètre pendu à un fil. La présence du tube provoque des erreurs par effet de cheminée et par son interposition entre le grain et le thermomètre. De plus, le déplacement du thermomètre entre le point de mesure et le point de lecture entraîne une erreur, quelle que soit l'inertie du thermomètre.

Malgré leurs inconvénients, les thermomètres à liquide rendent de grands services dans les stockages en sacs et dans les stockages en vrac dont l'importance ne justifie pas l'acquisition de matériel plus coûteux.

- Thermomètres à résistance

La résistance électrique d'un conducteur métallique croît avec sa température. Cette propriété est utilisée dans les thermomètres à résistance. L'élément résistant est un filament fin en platine, cuivre, acier ou nickel, dans lequel on fait passer un courant électrique. La lecture est obtenue par équilibrage d'un pont de WHEASTONE. Le filament, qui mesure plusieurs mètres, est placé dans un câble creux pendu au plafond de la cellule. La température lue n'est pas la température en un point, mais la température moyenne du grain le long du filament, ce qui est un avantage car, compte tenu de la mauvaise conductibilité du grain, les mesures ponctuelles obligent à multiplier les points de mesure pour avoir une idée exacte de la température moyenne d'un lot.

- Thermistances

Les thermistances mesurent la résistivité électrique de semiconducteurs, corps qui se situent entre les isolants et les conducteurs et dont la résistivité électrique diminue lorsque leur température augmente. Les thermistances sont beaucoup plus sensibles que les résistances et moins encombrantes.

Le capteur de température se compose de la thermistance (sphère de 3 mm de diamètre en semi-conducteur par exemple) et de ses deux conducteurs de raccordement. Le tout est noyé dans une canne en fibre de verre de très grande rigidité mécanique (coefficient de rupture supérieur à plusieurs tonnes) et de faible diamètre (6 mm), ce qui permet d'enfoncer les sondes jusqu'à 4 m de profondeur sans effort particulier ou de les fixer au plafond avec des dispositifs d'ancrage simplifiés.

Fig. 204: Canne sonde. (Doc. Foss ELECTRIC.)

Dans les petites installations, un bottier de lecture portable permet de relever la température en chaque point successivement. Dans les centres plus importants, chaque capteur est relié à une armoire de contrôle qui permet, sans déplacement de l'opérateur, de connaître les températures en tous points des cellules. Sur certains matériels perfectionnés, les températures sont relevées et inscrites automatiquement à des intervalles de temps prédéterminés, ce qui permet d'apprécier l'évolution des températures par simple juxtaposition des enregistrements.

Fig. 205: Sonde + câble + dispositif d'attache au sommet de la cellule. (Doc. FOSS ELECTRONIC.)

Fig. 206: Schéma d'une installation de contrôle de la température. (Doc. INTERDÉTECTEURS.)

- Thermocouples

Le thermocouple est formé de deux fils de nature différente (constantan et cuivre par exemple), soudés à leurs deux extrémités. Lorsque les extrémités sont à des températures différentes, il y a création d'un courant électrique (faible, mais détectable), dont l'importance est fonction de l'écart de température. En fixant la température de l'une des soudures (glace fondante) et en plaçant sur le circuit un appareil permettant de mesurer le courant électrique (galvanomètre ou potentiomètre), on obtient un appareil de mesure de la température sous réserve d'un étalonnage soigneux du dispositif,

La mise en œuvre de thermocouples est délicate et actuellement la plupart des installations électriques de silothermométrie emploient des thermistances.

Il existe donc une large gamme d'appareils de mesure pour la température des produits stockés. Tous les centres de stockage devraient en être équipés, car l'élévation de la température est le premier indice d'une mauvaise conservation.

La mesure des deux facteurs principaux de dégradations des denrées que sont l'humidité et la température est essentielle pour suivre rationnellement et efficacement le stockage. Nous venons de présenter différents matériels de contrôle couramment employés (ou susceptibles d'être utilisés) au niveau des installations de stockage en vrac. Nous pouvons simplement rappeler que ces matériels sont également indispensables au contrôle des produits stockés en sacs. Signalons actuellement l'existence de nombreux thermomètres à lecture digitale relativement bon marché et d'utilisation aisée.

6.3.4. Matériels de désinsectisation

Nous rappelons ici la nécessité d'équiper les silos de matériels de désinsectisation et notamment de prévoir au niveau de la chaîne vrac, un appareil pour l'application d'insecticides de contact (nébulisateur).

Nous ne traiterons pas ici les différents matériels; le lecteur peut se reporter au chapitre VII consacré à la désinsectisation.

6.3.5. Maintenance des équipements

Pour assurer la bonne marche des matériels fonctionnant dans les installations de stockage il est nécessaire d'effectuer périodiquement l'inspection et l'entretien des différents appareils.

En particulier:

• l'entretien des moteurs thermiques (vidange, réglage, changement des filtres, etc.),

• la vidange des réducteurs (toutes les 1000 h à 3 000 h),

• le contrôle de la tension des courroies (dans le cas de courroies multiples si l'une d'elle casse, c'est l'ensemble du jeu qu'il faut changer),

• le contrôle de la tension des matériels de manutention: tension des bandes, des transporteurs à chaînes, etc.

• le graissage général des matériels,

• le dépoussiérage des moteurs électriques.

Il faut éviter les accumulations de poussière dans toutes les zones de frottement important risquant de créer des échauffements.

On devra disposer d'un stock de pièces de rechange

• pour les moteurs,

• pour les matériels de manutentions (roulements, godets, maillons de chaîne, rouleau de bande transporteuse, etc.),

• pour les systèmes électriques (fusibles, etc.).

Pour les centres importants il est recommandé de prévoir un atelier d'entretien et de s'assurer les services d'un mécanicien et d'un électricien. Bien que le magasinier doive être capable de réparer les petites pannes, il devra faire appel, pour les pannes importantes ou pour la remise en état du matériel après chaque campagne, à des ouvriers spécialisés.

6.4. Sécurité dans les silos

6.4.1. Sécurité courante
6.4.2. Poussières

 

6.4.1. Sécurité courante

Comme dans toutes les installations où travaillent des hommes et fonctionnent des machines, il faut veiller à éviter au maximum les risques d'accidents corporels.

Les circuits et systèmes électriques qui peuvent être à l'origine d'électrocutions et d'incendies doivent être correctement protégés. On devra utiliser du matériel en bon état, éviter les installations provisoires avec câbles électriques pendant ou traînant sur le sol et prévoir des coupe-circuit et des interrupteurs d'arrêt d'urgence près des appareils en mouvement (manutention).

Les pièces en mouvement des machines doivent être correctement protégées par des capots. Pour permettre le contrôle des pièces mobiles, ces capots pourront être en grillage ou en métal déployé.

Pour accéder aux parties hautes des silos, les installations sont pourvues d'échelles et de passerelles. Ces échelles doivent être équipées de «crinolines» (diamètre 70 cm) et les passerelles munies de rampes de sécurité.

Lorsque des incidents particuliers interviennent au cours du stockage, tels que prise en masse ou phénomène de voûtage à la vidange, des mesures particulières de sécurité doivent être prises. Il faudra éviter de travailler sous le fond conique des cellules verticales. Une rupture de voûte et une chute brutale de produit sur le fond peuvent entraîner sa rupture et occasionner de graves accidents. Il sera prudent de travailler au-dessus du niveau de la matière stockée. Enfin, toute intervention au niveau d'une cellule, doit toujours être faite par une équipe d'au moins deux personnes; l'une d'entre elles se tenant prête à intervenir en cas d'accident.

Le problème le plus grave au niveau des silos est certainement celui constitué par l'accumulation de poussières et les risques d'explosion qu'elles présentent. Ces accidents sont heureusement peu fréquents mais dans tous les cas ils entraînent des dégâts considérables et parfois mort d'homme.


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