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Chapitre IV - Stockage traditionnel
4.1. Méthodes de stockage traditionnel
4.2. Amélioration du stockage traditionnel
Dans de nombreux pays en développement, la récolte est à plus de 80 % conservée au niveau des villages. Les paysans ne se libèrent à court terme que d'une faible partie de leur récolte pour couvrir certains besoins en argent liquide (il est toutefois des exemples nombreux de récoltes gagées sur pied qui doivent être rapidement commercialisées à des cours peu avantageux au risque d'obliger les agriculteurs à les racheter, pour leur consommation personnelle en période de soudure). En général, le producteur conserve une grande partie de sa récolte pour la consommation familiale annuelle et dans certaines zones à hauts risques climatiques (sécheresses répétées), il constitue des stocks à long terme.
Le stockage s'effectue selon des méthodes traditionnelles et les types de stockage varient selon les zones climatiques, la nature des produits et leur destination (semence, consommation, vente...
4.1. Méthodes de stockage traditionnel
Quelques exemples:
- Dans les zones sèches sahéliennes, les greniers sont généralement en terre.
De forme ronde ou carrée, ces greniers en terre plus ou moins additionnée de fibres végétales (pailles...) reposent généralement sur une ou plusieurs pierres qui évitent les remontées d'humidité. L'ouverture ménagée à la partie supérieure pour le remplissage et la vidange est recouverte d'un toit de chaume. Lorsque les greniers sont de forme ovale, l'ouverture est plus réduite et peut dans certains cas être recouverte d'un couvercle (pierre...) luté à l'argile.
Les greniers sont parfois divisés en plusieurs compartiments qui permettent ainsi de stocker plusieurs produits (ex.: Kpéou au Togo). Le sorgho et le mil sont souvent stockés en épis mais aussi en grains. Certaines techniques traditionnelles consistent à les mélanger à de la cendre ou à du sable fin pour limiter l'infestation par les insectes.
De tels silos en terre assurent généralement une bonne conservation et ceci d'autant plus qu'ils se situent dans des zones où les grains sont dès la récolte, à une humidité basse.
L'autre type de grenier est constitué de fibres végétales tressées (chaume d'andropogon par exemple). Ils constituent alors une sorte de grand panier, posé sur un chassis en bois à quelques dizaines de centimètres (30-40 cm) du sol, et recouvert d'un toit de chaume. Le sorgho y est stocké en panicules, parfois pendant plusieurs années.
Pour le stockage de petites quantités de grains (semences, légumineuses...) on utilise souvent des jarres d'argile ou des calebasses que l'on garde à l'intérieur des habitations. Le produit bien sec y est stocké parfois mélangé à de la cendre et le récipient est fermé avec de l'argile.
- Dans les zones humides
Dans ces zones, le paysan a coutume de laisser sécher la récolte sur pied pendant parfois plus d'un mois après maturité des grains.
Après la récolte, le produit encore humide est alors stocké en épis dans des structures aérées qui doivent permettre une finition du séchage au cours du stockage (épis suspendus, branche, perche, etc.), épis sur plateformes, épis en greniers aérés...).
Dans le cas du mais par exemple (souvent stocké en épis non despathés), les méthodes suivantes sont employées:
- Greniers aérés classiques
Quadrangulaires ou circulaires, ces greniers sont généralement constitués de feuilles de palmiers maintenues par des armatures en branchage ou en bambou. Leur fond, situé à environ 70 cm du sol, repose sur des pieux en teck ou en bambou. L'ensemble est recouvert d'une toiture en chaume.
- Les «Ebli-va» ou «EWE barn»
Fréquents dans les zones méridionnales du Togo, Bénin, Ghana.... ces greniers de forme cylindrique sont constitués d'un empilement d'epis de mais en spathes, reposant sur une plate-forme. Cette dernière, située à environ 50 cm du sol, est constituée de rondins de bois reposant sur de nombreux pieux. L'ensemble est recouvert d'un toit de paille conique. La taille des greniers est variable en fonction de l'importance de la récolte mais en général les diamètres varient de 2 à 3 m et la hauteur d'épis de 1,20 m à 1,50 m. Certains greniers peuvent avoir plus de 6 m de diamètre.
La forme arrondie de ces greniers et la disposition des épis intimement collés les uns aux autres ne favorisent pas une bonne ventilation de la masse. Des problèmes de moisissures surviennent fréquemment, notamment dans les greniers de grande taille.
Remarquons que les producteurs des îles du Cap-Vert construisent des greniers parfaitement identiques à l'Ebli-Va.
Un autre type de stockage sur plate-forme est réalisé par le «Kedelin». Les épis de mais en spathes sont déposés en vrac sur une plate-forme de rondins de bois. Celle-ci est située à plus de 1,50 m du sol et ne repose plus que sur 4 pieux, L'ensemble est recouvert d'un toit de chaume.
Les villageois ont l'habitude de faire la cuisine sous ce type de grenier qui, de ce fait, se trouve enfumé pratiquement en permanence. La conservation est améliorée par l'action séchante et insectifuge de la fumée du foyer.
Le grenier «Katchalla» est une structure aérée qui a J'allure d'un cône renversé reposant sur une pierre (évite les remontées d'humidité). La construction est en rondins de bois reliés par de petites branches entrelacées, et soutenus par des potaux. L'ensemble est recouvert d'un toit de chaume.
- Problèmes au cours du stockage - pertes
Les pertes au cours du stockage, au niveau de la ferme, sont souvent considérées comme importantes et les chiffres de 25 %, voire 50 % de pertes, sont parfois avancés. Ces estimations impressionnantes ont conduit certains organismes internationaux, en particulier la F.A.O., à mettre sur pied des programmes de lutte souvent précédés par l'étude de la nature et de l'importance des pertes.
Des études menées récemment fournissent des évaluations plus précises des pertes comme en témoignent les exemples suivants.
Au Malawi, les pertes dans les exploitations de la région centrale (altitude: 1200 m - pluies: 800 mm en 4 mois - températures moyennes comprises entre 15°C (juin) et 24,5°C (novembre» sont faibles avec les variétés locales d'arachides et de maïs sur lesquelles elles ne dépassent pas 1 % à 1,5 % respectivement.
Au Bangladesh, l'étude d'une centaine de greniers traditionnels à paddy et riz étuvé de petite capacité (30 à 300 kg) a conduit à une estimation des pertes de 2,04 % en poids et 2,43 % en valeur alimentaire après 4 mois de stockage.
Ces exemples vont à l'encontre des thèses généralement avancées selon lesquelles les pertes les plus importantes se produisent lors du stockage chez les producteurs.
Ces affirmations doivent être nuancées selon tes régions et les espèces cultivées. Dans les zones sahéliennes par exemple, les conditions climatiques permettent de conserver des céréales locales (mil - sorgho) pendant plusieurs années, tandis que le niébé reste très attaqué. Dans les régions humides, les problèmes sont généralement plus graves et notamment sur les cultures de première saison humide. La technique consistant à laisser le maïs sécher au champ, rendue nécessaire par le type de stockage traditionnel utilisé (Ebli-va...) peut être à l'origine de pertes conséquentes. Des études de la F.A.O. ont donné les résultats suivants:
- Pertes au cours du séchage au champ
Zone de forêt/Zone de savane humide
Fin août |
Fin sept. |
Fin octobre |
||||
% attaques dinsectes | 2,8 |
1,4 |
1,8 |
1,9 |
10,8 |
2,1 |
% pertes en poids dues aux insectes | 0,9 |
0,7 |
2,4 |
0,6 |
3,2 |
0.8 |
% plants tombés | - |
- |
7,0 |
- |
20,8 |
e |
% pertes dues aux oiseaux | - |
- |
6,8 |
- |
18,2 |
e |
Humidité du produit | 26% |
26% |
20% |
20% |
16% |
15% |
Les attaques débutées au champ vont se développer en cours de stockage.
Les pertes peuvent alors être beaucoup plus importantes que dans les zones sèches. Les données sont néanmoins diverses et suivant les auteurs les pertes en poids dues aux insectes varient entre 5 % et 30%.
Enfin, d'une manière générale, les variétés améliorées sont beaucoup plus sensibles aux attaques d'insectes que les variétés traditionnelles locales.
L'importance des pertes est en définitive très variable suivant les zones climatiques et les produits, et l'on doit se garder de considérer que, du fait de la rusticité des moyens de stockage, les pertes au niveau villageois sont partout importantes.
Avant toute action d'amélioration du stockage, il est nécessaire de définir correctement quelle est la nature des pertes, leur importance et à quels niveaux elles se situent.
4.2. Amélioration du stockage traditionnel
4.2.1. Amélioration du séchage
4.2.2. Amélioration du stockage
4.2.1. Amélioration du séchage
4.2.1.1. Nécessité du séchage
Dans les zones humides, les produits arrivés à maturité ne sont pas à une humidité qui permet de les stocker. Le mais par exemple, culture fréquente en zones humides, pourra être en fin de première saison des pluies à une humidité de 25-30 %. Il est donc indispensable de le sécher. Nous avons vu que la technique qui consiste à le laisser sécher au champ pour un préséchage sur pied jusqu'à ce qu'il atteigne environ 20 % d'humidité n'est pas une solution satisfaisante car elle expose la récolte à de nombreuses attaques (insectes, rongeurs, oiseaux, moisissures...) et elle retarde ou empêche la préparation des champs pour une éventuelle seconde culture. On a donc intérêt à récolter le produit à maturité et comme il n'est pas possible de le stocker tel quel, on doit impérativement le sécher. Ceci est valable pour toutes les denrées produites en zones humides (céréales, légumineuses...). Bien souvent, au niveau villageois, le séchage s'effectue par exposition des produits au soleil.
4.2.1.2. Séchage solaire amélioré
Le séchage au soleil est très largement utilisé dans les pays tropicaux (cf. 3.4.3. D).
Plusieurs méthodes sont employées pour améliorer la technique traditionnelle:
Fig. 88: Technique d'amélioration du séchage solaire. (Doc. T.S.P.C.)
- Séchoir «Allgate»
L'ex T.S.P.C. préconise l'emploi d'une bâche de plastique noir, circulaire et pourvue, à sa périphérie, d'oeillets dans lesquels passe une corde. Le produit est disposé en couche mince, comme sur une natte; il est isolé de l'humidité du sol et facilement abrité de la pluie en serrant la corde qui referme la poche. Le plus grand modèle peut contenir jusqu'à 150 kg de grains.
Une simple feuille de plastique peut être utilisée comme indiquée fig. 88.
- Aires de séchage
Les aires de séchage bétonnées se rencontrent généralement dans les plantations (café, cacao). Il faut prévoir une légère pente pour que les eaux de pluies s'évacuent rapidement et des abris à proximité (au point haut de l'aire le plus souvent) pour mettre le produit hors d'eau (Fig. 89).
Au Kenya, les grandes plantations achèvent au soleil le séchage des cafés Arabica sur les tables à 60 cm du sol (Fig. 90). La table se compose d'un bâti métallique et d'un grillage à larges mailles recouvert d'une toile de jute. Le café est disposé en couche mince (3 grains au plus). Pendant la nuit, ou si une pluie survient, les tables sont recouvertes avec des bâches en papier goudronné ou en plastique.
- Séchoir «autobus» (cf. 3.4.3. D)
Fig. 90: Séchoir «Autobus» pour café, mais, cacao...
4.2.1.3. Petits séchoirs artisanaux
Nous rappellerons ici les séchoirs du type Brooks qui furent vulgarisés au Nigéria et au Bénin pour le séchage en épis ou en grains.
Nous reproduisons fig. 91 le plan du séchoir réalisé à la station I.R.A.T. de Niaouli (Bénin).
Le corps de chauffe, constitué par des demi-fûts métalliques disposés en tunnel, réchauffe l'air de séchage qui pénètre sous le fauxfond par 2 évents situés de part et d'autre du foyer et traverse la couche de grains ou d'épis à sécher par convection naturelle de l'air chaud.
La couche à sécher ne doit pas dépasser 30 cm d'épaisseur pour le maïs en épis et 10 cm pour le maïs en grain si la température de l'air de séchage reste inférieure à 50-55° C. Si la température atteint 70-80° C, il faut limiter l'épaisseur de la couche pour réduire l'hétérogénéité de séchage ou brasser le produit.
Le débit d'un tel séchoir est de l'ordre de 300 kg de maïs séché de 20 à 14-15 % d'humidité en 10 à 12 h.
4.2.1.4. Séchage en crib
La technique du séchage en crib, encore largement utilisée dans les climats tempérés pour sécher lentement les épis de maïs, peut également être utilisée en climat tropical, même humide.
Cette technique de séchage-stockage est décrite plus loin (cf. 4.2.2.).
Fig. 91: Séchoir artisanal type BROOKS. (Coupe transversale)
Fig. 91: Séchoir artisanal type BROOKS. (Coupe longitudinale)
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