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Chapitre VII - Désinsectisation
7.1. Insectes des
denrées stockées et leurs dégâts
7.2. Méthodes de lutte
7.3. Lutte chimique
7.4. Traitements préventifs
7.1. Insectes des denrées stockées et leurs dégâts
7.1.1.
Développement des insectes
7.1.2.
Principaux insectes des denrées stockées
7.1.3.
Dégâts causés par lu insectes
7.1.4.
Contrôle des infestations par les insectes
Nous avons vu au Chapitre I quels étaient les différents facteurs d'altération des denrées stockées et nous avons noté l'action d'agents extérieurs, dont les insectes, qui peuvent être responsables de pertes importantes.
7.1.1. Développement des insectes
Au cours de leur développement les insectes passent par plusieurs stades
Dans des conditions favorables, la durée du cycle de développement est, pour la plupart des insectes, de l'ordre de 3 semaines à 1 mois. La température optimale de développement est de 25° C à 30° C (températures courantes en régions chaudes). Un abaissement de température peut allonger considérablement la durée du cycle (à 15° C il pourra nécessiter 5 à 7 mois). En deçà de 10° C et au-delà de 35° C le cycle est rompu et la mortalité des insectes devient importante. Le développement est également fonction de l'humidité du grain. Sur des céréales à moins de 9 % la mortalité est forte.
D'autres éléments importants interviennent également tels que la concentration en oxygène, la nature de la denrée, sa granulométrie (grains ou farine), la densité de population...
Le nombre d'oeufs déposés par une femelle peut être très important (en moyenne 300 pour les charançons du riz) et dans des conditions optimales, en 1 mois, une population pourra être multipliée par 20, voire par 50 (Alucite). C'est dire l'attention que l'on devra porter aux stocks car ils risquent d'être rapidement totalement infestés.
7.1.2. Principaux insectes des denrées stockées
7.1.2.1. Rappel
Les insectes des denrées stockées appartiennent principalement aux deux ordres des Coléoptères et des Lépidoptères.
- Les Coléoptères
Les adultes possèdent une paire d'ailes antérieures sclérifiées appelées «élytres» qui protègent la paire d'ailes membraneuses utilisées pour le vol. Ceci donne à ces insectes une certaine résistance qui leur permet de se déplacer dans la masse des grains à la recherche de conditions favorables de développement (température, humidité, teneur en O2, présence de fines, etc.). Les larves, souvent responsables des dégâts, sont vermiformes.
- Les Lépidoptères
Vulgairement appelés papillons, ils possèdent deux paires d'ailes membraneuses recouvertes d'écailles. Relativement fragiles, ils n'infestent que la surface des lots. Les adultes ne vivent qu'une quinzaine de jours. Pour se nourrir ils ne disposent que d'une trompe; ce sont donc exclusivement les larves (appelées chenilles) qui, disposant de fortes pièces buccales, vont attaquer le grain.
7.1.2.2. Principaux Coléoptères
- Les charançons
Dans les céréales stockées, les insectes les plus fréquents sont les charançons. En milieu tropical, ils sont essentiellement représentés par les espèces Sitophilus oryzae (charançon du riz) et Sitophilus zeamaïs (charançon du mais). Malgré leur nom, ils pourront être présents dans diverses céréales: riz, maïs, blé, sorgho, mil...
Petits insectes (2 à 4 mm), allongés, à dos plat, ils sont facilement reconnaissables car leur tête est prolongée par un «rostre» parfaitement visible à l'il nu. Les élytres sont décorées de quatre taches rougeâtres. Certains détails permettent de différencier les deux espèces citées.
Ces insectes peuvent être présents sur les grains dès le champ et leur faculté de vol favorise leur dissémination.
Le développement de l'insecte se fait à l'intérieur du grain. Avec son rostre, la femelle fait un trou dans un grain, y dépose un uf puis rebouche le trou par du mucilage qui va durcir à l'air. Dès qu'elle apparaît, la larve creuse, au travers du grain, une galerie qu'elle va élargir au fur et à mesure de sa croissance. Elle se transformera ensuite en nymphe dans la loge qu'elle aura créée puis deviendra, après une dernière mue, un adulte qui sortira alors du grain pour se reproduire. Au cours de ce développement qui est totalement caché, tout l'intérieur du grain aura été consommé. Il restera alors un grain vidé présentant un trou (trou de sortie de l'adulte) et contenant les déjections du développement larvaire.
Il est important de savoir que le développement du charançon se fait sous forme cachée, à l'intérieur du grain, et que des grains apparemment sains pourront en fait être totalement infestés. Nous verrons plus loin les méthodes qui permettent de déceler la présence des formes cachées.
Fig. 212: Principaux insectes des denrées stockées. (Doc. ICI.)
Enfin signalons que les adultes sont très sensibles aux chocs. Pour déceler leur présence, on peut donc secouer les grains ou les sacs de grains et s'ils sont infestés, on voit, après quelques instants, sortir les charançons.
Fig. 213: Représentation schématique du développement du charançon.
- Les bruches
Ce sont les coléoptères des légumineuses. Chaque espèce semble être relativement spécifique à une plante:
Callosobruchus maculutus ou bruche du niébé et du pois chiche,
Acanthoscelides obtectus ou bruche du haricot,
Caryedon serratus ou bruche des arachides...
Ces insectes attaquent dès le champ et continuent leur développement en stock. Les bruches des stocks ont plusieurs cycles de développement par an.
Dans la nature la femelle peut déposer ses oeufs sur les fruits encore verts. A l'éclosion, la larve va entrer dans le grain et s'y développer. Il peut y avoir plusieurs larves dans le même grain. Là encore le développement s'effectue totalement à l'intérieur du grain. Les adultes ne vivent que peu de temps (1 à 2 semaines) et ne se nourrissent pas des denrées.
- Autres coléoptères fréquents
Tribolium
Ce sont des petits coléoptères (3 mm) de couleur brun rouge qui s'attaquent essentiellement aux brisures. La larve, vermiforme, se développe à l'extérieur des grains et se nourrit également de brisures. Ces insectes représentés dans les stocks par les espèces Tribolium castaneum et Tribolium confusum attaquent difficilement le grain sain. Ils accompagnent souvent les charançons pour utiliser les dégâts (farines, graines endommagées) que ces derniers occasionnent. Les adultes, qui peuvent vivre très longtemps (2 ans), possèdent des glandes qui produisent une secrétion nauséabonde dépréciant fortement les denrées. Une farine fortement infestée aura une odeur âcre.
Rhizopertha dominica
Également appelé «capucin des grains», ce petit insecte brun s'attaque aux céréales mais également au manioc et à la patate douce. Ce sont surtout les adultes qui font des ravages en s'attaquant au germe et à l'albumen qu'ils réduisent en farine.
En observant l'insecte de dos, on ne distingue pas la tête qui, perpendiculaire au reste du corps, est cachée par le thorax. La larve, en forme de croissant se développe à l'intérieur des grains. Cet insecte résiste bien à la sécheresse.
Prostephanus truncatus
Cet insecte a été appelé le «Grand capucin» des grains car il ressemble au Rhizopertha dominica mais il est de plus grande taille (3 à 5 mm). L'extrémité du corps taillée à angle droit permet également de l'en distinguer. Le Grand capucin, fréquent en Amérique centrale, commence à envahir l'Afrique de l'Est (Tanzanie) et de l'Ouest (Togo). Il commet des ravages importants sur le mais (épis notamment) en réduisant rapidement les grains en farine.
Fig. 214: Prostephanus truncatus.
Trogoderma granarium Everts
Le trogoderme ou dermeste des grains est un petit insecte (2-3 mm) brun, de forme globuleuse. L'adulte ne vit que 10 à 15 jours et ne cause aucun dégât. La larve, facilement reconnaissable car très velue, se développe à l'extérieur des grains et est la seule responsable des dégâts. Elle s'attaque à tout l'intérieur du grain. Dans certains cas, les larves se groupent en très grand nombre dans les crevasses ou au niveau des coutures ou des «oreilles» des sacs, qu'elles détériorent. Ce sont des endroits que l'on peut rapidement inspecter lors de contrôles. Le trogoderme se caractérise également par une très grande résistance à la sécheresse et une bonne aptitude à survivre en l'absence de toute nourriture, Enfin cet insecte est très résistant à de nombreux insecticides de contact et constitue de ce fait un «insect-test».
7.1.2.3. Principaux Lépidoptères
- Sitotroga cerealella
Communément appelé l'alucite, ce petit papillon au corps doré et aux ailes jaune pâle à longues soies, est, après le charançon, le plus important ravageur des grains dans le monde.
La femelle dépose ses ufs sur les grains. Elle attaque souvent les épis dès le champ. Après éclosion, la larve (chenille), très mobile, va rechercher un grain sain et l'attaquer au niveau du germe. Tout le développement s'effectue à l'intérieur du grain qui sera totalement consommé, la larve s'alimentant du germe puis de l'albumen. Avant de se transformer en chrysalide à l'intérieur même du grain, la chenille découpe un opercule dans le tégument de la graine. Le papillon soulève cet opercule pour sortir du grain. C'est à ces opercules restant attachés au grain, et à la présence de lambeaux de toile blanchâtre (dépouille nymphale) que l'on reconnaît l'attaque de l'alucite.
Cette attaque donne au produit un goût désagréable et une odeur de «rance».
- Plodia interpunetella
Appelé «teigne des fruits secs» ce papillon attaque également les grains de céréales. Le développement de la chenille s'effectue à l'extérieur de la denrée. En se déplaçant, les chenilles laissent derrière elles un fil de soie auquel viennent se coller des détritus et des déjections, ce qui déprécie le produit. Les larves se nourrissent des germes des grains.
- Ephestia spp.
Différentes espèces attaquent les céréales, les oléagineux et le cacao. Là également, la larve est libre. Elle attaque les germes et les brisures de grains et déprécie la denrée par les toiles qu'elle tisse. Contrairement aux précédentes, elle ne craint pas la sécheresse.
7.1.3. Dégâts causés par lu insectes
Les insectes consomment les grains notamment au cours du développement larvaire, qui, souvent a lieu, sous forme cachée à l'intérieur même du grain. C'est le cas en particulier des charançons et des alucites. La conséquence première est donc l'observation de pertes en poids. Bien souvent le germe du grain est également consommé (en priorité par les lépidoptères), ce qui entraîne d'importantes pertes du pouvoir germinatif.
Les insectes contaminent les céréales par les restes de leur développement larvaire (exuvies, déchets, uf..), par leurs déjections, par les sécrétions malodorantes et parfois toxiques des adultes et des larves qui déprécient fortement la denrée. Les nombreuses toiles tissées par les Lépidoptères pourront dans certains cas rendre une farine totalement impropre à la consommation.
Enfin certaines larves peuvent occasionner des dégâts au niveau des structures. Les larves de trogoderme par exemple peuvent endommager les sacs.
La présence d'insectes dans les masses de grains a également d'autres conséquences. Leur développement va produire des déchets fins, des farines qui, tout en favorisant l'attaque d'autres espèces d'insectes (Tribolium suit Sitophilus) vont permettre le développement des micro-organismes. L'activité biologique des insectes entraîne localement un échauffement du grain et une production d'eau qui, comme nous l'avons vu au Chapitre I, vont accélérer le processus de dégradation.
ÉVALUATION DES PERIM EN POIDS SUR UN ÉCHANTILLON
Les dommages causés par les insectes dans les stocks ne sont pas toujours faciles à évaluer. Différentes méthodes ont été proposées pour déterminer les pertes en poids.
Le plus couramment les deux critères d'appréciation des dégâts sont le pourcentage d'attaque et le pourcentage de pertes en poids. Soit un lot de N grains (souvent 100 ou mieux 1 000 grains): que l'on sépare en grains sains et grains attaqués
Le pourcentage d'attaque sera:
Le pourcentage de perte en poids peut être déterminé de la façon suivante:
- les Ns grains sains pèsent le poids Ps
- les Na grains attaqués pèsent le poids Pa
si les grains attaqués avaient été sains ils auraient pesé: or ils ne pèsent que Pa.
Le pourcentage de pertes en poids (B %) est la différence de ces deux poids rapportée au poids total du lot
calculé comme s'il avait été sain:
donc
ou encore
Pour les attaques par les insectes, il existe des tables de conversion qui permettent de déterminer directement le pourcentage de pertes en poids (B %) à partir du pourcentage d'attaque (A %) en divisant ce dernier par un facteur de conversion C.
Ce facteur est déterminé par type de céréale (J. M. ADAMS et G. G. M. SCHULTEN).
Exemple:
2 pour le blé, le riz, le paddy,
4 pour le sorgho,
4,5 pour le mais en épis avec spathes,
8 pour le mais égrené ou en épis sans spathes.
N.B.: D'autres auteurs (POINTEL et COQUARD) définissent un coefficient de perte spécifique K par lequel on multiplie le pourcentage d'attaque (A %) pour obtenir le pourcentage de perte en poids (B %).
B % = K . A %
où K devrait être égal à 1/C. En fait ils diffèrent un peu.
Exemple:
Blé avec charançons | : K = 0,365 | (1/K = 2.74 ¹ 2) |
Maïs avec charançons | : K = 0, 116 | (1/K = 8,62 ¹ 8) |
Maïs avec alucites | : K = 0,095 | (1/K = 10,53 ¹ 8) |
7.1.4. Contrôle des infestations par les insectes
Le contrôle de la présence de formes libres est simple et peut s'effectuer par tamisage. La détection des formes cachées est plus complexe et différentes méthodes sont utilisables.
La première, dite de référence, consiste à attendre la fin du développement des formes cachées c'est-à-dire la sortie des adultes. Cette méthode est évidemment très longue car nous savons que dans des conditions optimales la durée du cycle de développement de la plupart des insectes est d'environ 1 mois. Ce n'est donc pas une méthode pratique pour le stockeur.
D'autres méthodes dites «rapides» sont envisageables.
- Méthode par flottation
Un échantillon de grain d'environ 50 g est versé dans un liquide dont la densité est fonction de la nature du grain (ex.: 1,25 pour les céréales). Après 10 oui il est possible de séparer les grains sains qui coulent, des grains attaqués qui flottent. Cette méthode est imprécise car les grains faiblement attaqués (ufs ou jeunes larves) peuvent couler, induisant des erreurs par défaut.
- Méthode par coloration
A la fuchsine
Une solution d'eau distillée contenant 5 % d'acide acétique et 0,5 % de fuchsine acide dans laquelle est plongé l'échantillon colore en rouge les trous de ponte (des charançons). Cependant, certaines blessures du grain pouvant également être colorées, cette méthode rapide risque de donner un résultat erroné par excès.
A la ninhydrine
Entre deux rouleaux, l'échantillon est écrasé sur un papier imprégné de ninhydrine. Les acides aminés des oeufs, larves et nymphes écrasés vont colorer en pourpre le papier, Cette méthode donne un résultat par défaut; seuls 85 % des larves et nymphes sont repérées et moins de 50 % des oeufs.
Ces trois premières méthodes détruisent l'échantillon.
- Méthode radiographique
Une radiographie aux rayons X permet de voir la présence de larves à l'intérieur des grains. Cette méthode, qui a l'avantage de ne pas détruire l'échantillon et de laisser un cliché (plaque radiographique), nécessite un équipement important et coûteux.
Ces quatre premières méthodes ne permettent pas de savoir si les formes cachées sont vivantes ou mortes.
- Méthode respirométrique
Elle consiste à mesurer la quantité de gaz carbonique (CO2) rejetée par l'échantillon. Des grains sains respirent et libèrent du CO2 mais la présence de formes cachées dans le grain en accroît de façon sensible la production.
Deux techniques sont utilisées:
- respiromètre de Warburg où le CO2 dégagé est piégé par la potasse,
- absorption des rayons infrarouges en fonction de la concentration en CO2; beaucoup plus rapide que la précédente.
Ces techniques, qui ont l'avantage d'indiquer la présence de formes vivantes, restent assez sophistiquées et sont aujourd'hui surtout réservées aux laboratoires.
- Méthode acoustique
Elle consiste à amplifier le bruit que font les larves qui se nourrissent à l'intérieur du grain. Un appareil simple, portatif, a été récemment mis sur le marché, constitué d'une sonde comportant un amplificateur relié à un casque d'écoute. Cet appareil, s'il n'est pas très précis quant au niveau de l'infestation, permet de déceler rapidement et simplement la présence de formes cachées vivantes et pourrait être largement utilisé pour la surveillance des stocks.
Nous venons de voir rapidement quels sont les problèmes causés par les infestations d'insectes. La présence d'insectes vivants reste bien sûr la preuve la plus évidente d'une infestation, mais n'indique pas le niveau de cette infestation, car même lorsque les formes adultes sont rares, les formes cachées peuvent être nombreuses et ne faire apparaître une forte infestation que quelques semaines plus tard lorsque leur développement sera achevé et qu'elles auront déjà occasionné des dégâts importants. Il est donc nécessaire de déceler la présence de ces formes cachées par les méthodes que nous venons de voir: Laquelle? Elles restent avant tout complémentaires. Les méthodes par coloration sont simples mais elles ne pourront pas signaler si, après un premier traitement (par fumigation par exemple), il y a une réinfestation. La méthode acoustique pourra alors être employée. Dès qu'il y a présence de formes cachées, souvent responsables des plus importants dégâts, il est nécessaire de traiter.
7.2.1. Méthodes de lutte traditionnelles (ou utilisées en milieu
paysan)
7.2.2.
Méthodes de lutte «modernes»
7.2.1. Méthodes de lutte traditionnelles (ou utilisées en milieu paysan)
Nous avons déjà abordé ce problème au cours du chapitre IV traitant du stockage traditionnel, mais nous pouvons rappeler ici les méthodes couramment utilisées.
- Exposition au soleil
L'exposition des denrées au rayonnement solaire intense favorise le départ des insectes adultes qui ne supportent pas les fortes chaleurs ni la lumière intense (en stock, les insectes se cantonnent souvent dans les zones sombres).
Le produit doit être disposé en couches minces et les formes cachées dans le grain ne sont pas atteintes.
- Enfumage
Les denrées les plus importantes pour le producteur sont souvent stockées en épis au-dessus des foyers domestiques et sont ainsi enfumées presque en permanence. Cet enfumage (parfois appelé à tort fumigation) ne tue pas les insectes mais les éloigne et empêche la réinfestation.
- Utilisation de plantes répulsives
Dans certaines régions on a coutume de mélanger aux grains des plantes qui agissent comme insectifuges. Des études sont menées sur certaines d'entre elles (notamment le NEEM) pour mieux connaître leurs propriétés et leurs principes actifs.
- Utilisation de matières inertes
Dans les récipients de stockage en vrac (jarres, grenier...) on mélange parfois aux grains de la cendre ou du sable fin, selon des proportions et des pratiques qui varient suivant les régions. De nombreuses croyances circulent quant à l'origine et à la qualité des matières inertes à employer. Il semble, en fait, que ces matériaux pulvérulents remplissent les vides entre les grains et constituent une barrière à la progression des femelles cherchant à pondre. Ces matériaux fins auraient également un rôle abrasif sur les insectes et entraîneraient leur déshydratation. Dans tous les cas il faut que le matériau soit propre et suffisamment fin.
- Conservation en atmosphère confinée
Cette technique est utilisée de façon traditionnelle dans certaines régions. Comme nous l'avons déjà vu, elle consiste à appauvrir en oxygène l'atmosphère intergranulaire jusqu'à un taux létal pour les insectes. L'obtention de structures étanches (silo enterré, bidon de 200 1) est le principal obstacle à sa mise en uvre.
- Utilisation d'huile
Le mélange d'huile (arachide, coco...) au grain (notamment de légumineuses) dans des proportions de 5 ml/kg est une technique qui a été récemment proposée pour la lutte contre les insectes. Elle pouffait être appliquée en milieu villageois sur des quantités cependant relativement modestes.
- Lutte chimique
En milieu traditionnel l'utilisation d'insecticides chimiques de contact se développe de plus en plus, notamment en poudrage ou en pulvérisation. Les efforts doivent porter sur la formation des agriculteurs à l'emploi d'insecticides nouveaux, plus efficaces et moins dangereux que ceux actuellement utilisés. Nous verrons partie 7.3. quels sont les produits à recommander.
7.2.2. Méthodes de lutte «modernes»
- Lutte biologique
Nous la citons pour mémoire car elle n'est encore qu'à l'état de recherche dans les pays développés.
Recherche de mâles stériles - attaques des insectes par virus ou champignons - variétés cultivées plus résistants à l'attaque des insectes (en milieu tropical les variétés traditionnelles locales sont souvent beaucoup plus résistantes que les variétés améliorées introduites). La résistance aux insectes est un des critères maintenant pris en compte dans l'amélioration variétale.
- Lutte physique
Lutte par le froid
Au-dessous de 10° C le développement des insectes est bloqué. En pays tempéré la ventilation par journées froides permet d'abaisser la température des stocks à ce niveau. En régions chaudes cette technique coûteuse n'est utilisée que pour le stockage de sécurité de semences.
Lutte par le chaud
Des essais de désinsectisation par la chaleur de céréales ou produits dérivés (farines, semoules) ont été réalisés en Australie et en France. La technique consiste à traiter les produits en lits fluidisés à haute température (60° C à 180° C); la température propre du produit n'atteignant pas 65° C à 70° C.
Ce choc thermique de quelques minutes, suivi d'un refroidissement rapide, entraîne une totale mortalité des insectes sans affecter les qualités technologiques du produit.
Une installation de désinsectisation par la chaleur, d'une capacité de 150 tonnes à l'heure, a été réalisée en Australie montrant que le coût de mise en uvre d'une telle technique serait équivalent à celui d'une fumigation.
Modification de l'atmosphère du milieu
Il s'agit d'abaisser le taux d'oxygène de l'atmosphère intergranulaire jusqu'à un taux létal pour les insectes (< 1 % d'O2). Les techniques utilisées sont décrites au chapitre 6.5.
Enfin nous pouvons citer pour mémoire des techniques sophistiquées telles que l'utilisation de rayonnements haute fréquence ou encore d'irradiations ionisantes non utilisées actuellement sur les grains.
- Lutte mécanique
Le transilage, le secouage, le passage au tarare, permettent d'éliminer une partie des insectes contenus dans les stocks. Ces opérations éliminent surtout les adultes libres et laissent subsister une partie des larves et des oeufs; elles ne peuvent donc pas être envisagées pour un stockage de longue durée, à moins d'être fréquemment renouvelées, ce qui les rend coûteuses.
Il existe toutefois un appareil de désinsectisation basé sur ce principe: l'Entoleter. Le produit à traiter est centrifugé et vient heurter des écrans placés à la périphérie de l'appareil. La percussion tue les organismes vivants présents dans le produit. Ce type d'appareil est généralement utilisé pour désinsectiser les pulvérulents: farines et semoules dans les moulins.
La méthode la plus répandue actuellement reste l'emploi de composés toxiques pour les insectes.
7.3.1.
Traitement de contact
7.3.2. Fumigation
7.3.3. Magasins
fumigables
Largement répandue en raison de son efficacité, elle doit être appliquée avec discernement en raison des risques qu'elle peut faire courir aux consommateurs du grain.
Deux types de traitement sont employés:
- traitement par contact: le grain est recouvert d'une pellicule de produit insecticide qui agit plus ou moins rapidement et plus ou moins longtemps sur les insectes,
- traitement par fumigation: des vapeurs insecticides mises au contact de la denrée détruisent rapidement toutes les formes d'insectes contenues dans les grains. Ce traitement curatif n'a qu'une action limitée dans le temps, c'est un traitement.
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